Aux voleurs d'enfance impunis que sont les prédateurs... économiques.
La peur de la misère touche 58% des enfants, selon une étude Ipsos pour le Secours populaire.
Besoin d'un dessin.... d'enfant?
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Aux voleurs d'enfance impunis que sont les prédateurs... économiques.
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Nous efforçons de construire la société du pire. Comment dès lors s’étonner qu’il advienne ?
C’est l’écrivain qui fait le paysage et non le paysage qui inspire l’écrivain. Lorenzo Pestelli, Le long été.
Les traitements révoltants que subissent les animaux (élevages, abattoirs, jeux du cirque, etc.) nous ne pouvons les qualifier d'inhumains, car ce sont bien des êtres humains doués de raison, de pensée, qui les pratiquent sur des être qui, prétendons-nous, en sont dépourvus. Théodore Monod disait qu'il serait grand temps que l'homme s'hominise enfin. Oui, mais ce temps risque fort de manquer à l'espèce humaine si elle persiste dans sa rage de tout détruire... pour n'adorer qu'un veau d'or.
"Mais ce ne sont que des bêtes, il ne faut pas faire d'anthropomorphisme" m'objectera-t-on… Quelle stupidité ! Il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir qu'elles partagent avec nous la crainte, la peur de la souffrance, la fuite devant la douleur, la panique, et sans doute même l'angoisse face à une mort proche. Et qu'on ne vienne pas me sortir l'argument fallacieux qu'être sensible au sort de bêtes, c'est ne pas l'être au sort des hommes.
C'est bien tout le contraire!
Le processus mental qui permet à des hommes d'accomplir de tels actes de brutalité abjecte, comme par exemple pour la corrida, est exactement le même que celui qui était en vigueur dans les camps de la mort ou encore celui qui anime le psychopathe . Je ne compare pas les faits, entendons nous bien, j'en entends déjà qui hurlent d'indignation devant ce rapprochement, les faits sont de nature différente, je ne prétends pas le contraire, mais ce que je mets en parallèle, c'est cette défaillance morale (c'est cela la maladie du psychopathe) qui fait qu'en ne donnant plus à l'autre qu'une valeur d'objet, on s'autorise toutes les monstruosités.
Que cet autre soit homme ou bête, qu'est-ce que ça change? Le tortionnaire perçoit l'autre comme un simple objet à sa disposition, l'assassin aussi, le violeur aussi. Et cet "autre ramené à l'objet", on le voit partout dans le monde et chaque jour, ce sont hommes, femmes, enfants... et bêtes.
Alors pourquoi plus précisément mettre en avant le souci de la condition animale? Parce qu'il a une vertu pédagogique, voire rédemptrice oserais-je ajouter. Parce qu'il me semble que tant que nous manquerons d'une compassion minimale envers les êtres les plus faibles que sont en vérité les animaux… comment pourrions-nous en avoir vis à vis de ceux que nous considérons comme appartenant à l'espèce dominante, la nôtre? Tant que cela durera, le pire sera toujours à craindre envers nous-mêmes.
Extrait de mon prochain roman jeunesse: La vérité crue, éditions Thierry Magnier, parution le 3 octobre
Le directeur se dirigea vers le milieu du réfectoire. La salle était enfin devenue silencieuse, les autres enfants s’étaient tus : ils attendaient avec impatience de voir ce qui allait arriver à leur camarade.
— Eh bien ! Qu’est-ce qui se passe ? demanda le directeur avec la voix la plus douce possible.
Le garçon montra son ventre.
— Quoi, ça ne va pas ? Tu as mal à cet endroit ?
— Les petits veaux.
— Quoi ? Mais qu’est-ce que tu me racontes, mon petit ?
Le garçon lui lança à la figure :
— Mon ventre, ce n’est pas un cimetière pour les petits veaux !
De tous mes bouquins, ce roman pour adultes est celui qui a eu le moins de chance. Sorti en mars 2003, au moment même où l’armée américaine pénétrait en Irak, il n’a pu bénéficier de la moindre presse : un maximum de pages impérativement consacrées au conflit et donc toute critique littéraire sacrifiée. En premier chef comme toujours. Je ne fus pas le seul auteur à en souffrir, mais la sortie du Sang des mouches fut irrémédiablement plombée, le mot est doublement judicieux. Quand l’actualité guerrière marqua le pas, les pages littéraires refirent leur apparition mais elles traitèrent des nouveautés du jour ou de la semaine, voire à l’extrême limite du mois… et mon roman n’en faisait déjà plus partie. J’avais travaillé deux ans dessus pour être lu par à peine trois ou quatre centaines de lecteurs. C’est ainsi.
Par chance, j’en ai parfois un peu tout de même, les éditions Denoël, où mon éditrice avait été Héloïse d’Ormesson, ont conservé jusqu’à ce jour le titre à leur catalogue ce dont je leur suis bien gré. Il est toujours disponible en librairie ou sur commande. Vous pouvez avoir une idée de ce roman, qui m'est très cher à plus d’un titre, en téléchargeant les 20 premières pages il suffit de cliquer sur la couverture ci-dessous. Le format est en pdf. Bon voyage à travers ces premières pages (et peut-être davantage, je l'espère) qui sont consacrées à Pondichéry, au néocolonialisme qui y demeure toujours ambiant, et à Kitteri... l'intouchable.
Ci-dessous, le lien vers un article intéressant mais un peu technolâtre concernant l'édition numérique pour la jeunesse dans le carnet collectif des étudiants du Master professionnel Lettres spécialité Monde du Livre à l'Université d'Aix-Marseille. Il faudrait enfin cesser de faire passer pour une nouvelle évolution du livre les tablettes et autres kindles et cie.. Est-ce qu'un film, tiré d'un livre, et ensuite vendu en DVD ou Blue Ray... est appelé "livre"? Non, en changeant de support, on change l'essence même d'une création. L'ignorer, c'est la réduire au rang d'un produit qui serait interchangeable, ou plutôt déclinable à souhait. Or, c'est exactement cette vision qu'ont beaucoup d'éditeurs qui se ruent sur l'espérée poule aux oeuf d'or comme le montrent la plupart des exemples cités dans cet article de Julie Polito.
Le propos est documenté, mais on peut regretter qu'il n'y soit nullement question du facteur économique qui motive avant tout cette pratique qui consiste à utiliser des oeuvres déjà disponibles pour en tirer un maximum de bénéfices. Doit-on rappeler une fois de plus que les marges bénéficaires nettes de l'édition papier (quand il y en a !) tournent autour de 2 ou 3% tandis que chez les fournisseurs d'accès, la téléphonie et le numérisé elles avoisinent très souvent les 40 %. On comprend mieux ce qui motive le fameux... passage au numérique!
Reste à examiner ce que la création véritable donnera quand elle s'appropriera ces nouveaux supports. Une chose est sûre, ce sera justement... autre chose. Un nouveau terrain d'exploration s'ouvre là, personne ne le conteste. Un bémol pourtant: il n'est pas sûr que les nouvelles propositions artistiques dépasseront souvent l'effet gadget et qu'elles ne s'enliseront pas très vite vers la production de masse. Qu'on considère ce que nous a donné l'infographie pour la BD ou l'album jeunesse ou les effets numériques pour le cinéma... force est d'admettre que le bilan n'est pas des plus mirobolants. Je reviendrai un de ces jours là-dessus, car c'est intéressant: plus l'outil devient technologiquement complexe... moins la marge de manoeuvre et la liberté du créateur deviennent paradoxalement grandes. C'est toute l'opposition homme-liberté/machine-esclavage qui se manifeste ici. Notre société actuelle est entièrement construite là-dessus, pas étonnant alors que tout secteur y échappant encore soit dans le viseur du grand marché (qu'on pense à l'amour ou au sexe... avec les i-machines numériques de rencontres d'une part et le boum des sex-toys de l'autre.)
En tout cas, je crains fort qu'en matière d'édition cela ne contrebalance aucunement les effets pervers d'une "industrialisation généralisée" de la création littéraire et graphique quand cette tendance aura massivement siphoné le public du livre pour le conduire vers des produits numérisés plus rentables. Ce que cela donnera au niveau des jeunes lecteurs? Davantage de cassure entre ceux qui ont un environnement culturel riche et diversifié et les autres, ceux pour qui l'unique pratique culturelle consistera à consommer les produits proposés par la grande distribution. Déséspérant avenir?
Dans un peu plus d’un mois paraîtra mon nouveau roman chez Thierry Magnier, maison d'édition complice et toujours fidèle. Ce que ce roman raconte ? L'histoire de Jésus... Non, non pas la vie de qui vous savez, rassurez-vous! Ce Jésus-là est un adolescent d’aujourd’hui dont l'existence est marquée par le handicap de la dyspraxie et par une compassion pas vraiment ordinaire pour la souffrance animale. Deux traits de caractère qui vous réservent un vrai calvaire quand vous êtes obligé de naviguer au quotidien entre indifférence aveugle et ignorance crasse. Une navigation que Jésus va partager avec Angélina, une fille en roue libre et toujours sur le fil du rasoir.
C’est bien connu : les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux. Les voilà déjà prêts à crucifier Jésus, en compagnie d’Angélina pour faire bonne mesure. Comment ces deux-là vont s’en tirer ? En pratiquant l’art de la fuite. L’exercice n’est pas facile. Mais c’est sans compter avec Elie, sa bonne tête en broussaille, ses grosses pattes d'ours, son vieux pick-up déglingué au moteur poussif, son refuge dans le secret pays d’en-haut, et, enfin, le grand cœur de Mona…
Le titre ? La vérité crue. Un roman qui vous donne rendez-vous dès le 3 octobre dans les librairies.
Librairies. Ce mot vous dit encore quelque chose ? Je ne parle ni de ces hangars où l’on stocke les livres comme les salades à Rungis avant de les expédier ni de ces grande surfaces où l’on étale sur les linéaires des bouquins qui ne valent pas mieux que des paquets de lessive. Non, quand je dis librairies, j’évoque ces clubs de rencontres feutrés, intimes, silencieux, où les livres nous donnent rendez-vous. Là où nous pouvons librement les respirer, les effleurer, les palper, les effeuiller même et glisser un regard sous leur couverture lorsque le premier contact est prometteur. Et s’il y a affinité et plus… on peut repartir de ces endroits-là avec un livre sous le bras, en amoureux. Alors pourquoi pas avec La vérité crue ?
la vidéo est à voir ici mais attention elle contient des images qui vont vous rendre vraiment malade. Dans le cas contraire: vous devriez vous soigner au plus vite, vous êtes déjà gravement malade.
Il n'existe qu'une solution pour que cesse de pareilles monstruosité: être végétarien (et on fait en plus du bien à la Terre!)
J'ai bien aimé cette étiquette qui m'a été attribuée au collège Pesquier à Gardanne après un passage en ces lieux où l'accueil a été très chaluereux.
Gardanne, tiens donc! une des 15 zones de sécurité prioritaire voulu par Manuel Valls. Sur les 24 villes ou arrondissements de ville concernés par ces zone il y en a 7 pour Marseille et ses environs (Gardanne donc et Bouc-Bel-Air). Environ 50 % dans le "midi" (Bouches du Rhône, Hérault, Gard). Moi, ce que j'ai constaté dans tous ces endroits que je connais très bien pour y avoir galéré pendant plus de trente ans, c'est : 1 des difficultés économiques et sociales vertigineuses; 2 un chômage record; 3 une dégradation profonde de l'environnement et des équipements urbains; 4 un désinvestissement massif de l'Etat, 5 (et ce n'est pas le moindre des points) une régrétion culturelle abyssale (plutôt une acculturation désormais) et un déficit éducatif majeur malgré les efforts des enseignants et des acteurs culturels impliqués (mais l'école pas plus que la culture ne peuvent suffire à tout quand les parents ont baissé le pavillon dans leur naufrage).
Pas besoin d'être devin pour imaginer que ces problèmes-là ni la police et ni la gendarmerie ne seront en mesure d'y apporter la moindre réponse. Alors, pipeau que tout cela! Il semblerait que la partition du PS au pouvoir soit avant tout de rassurer l'électeur de droite. Hé.. mais vous y êtes au pouvoir et pour cinq ans! Alors pensez d'abord à être conséquents avec ceux qui ont voté pour vous au lieu de passer la pommade à ceux qui ne l'on pas fait et ne le feront pas plus demain.... bande de pauvres pommes!
En 2000, voyage en Birmanie. Longtemps, avec Françoise, nous nous sommes posé la question : y aller ou pas ? Les avis divergeaient à cette époque. Il y avait d’une part des appels au boycott et de l’autre des démocrates birmans qui le contestaient en affirmant que c’était la meilleure façon de les condamner au silence et à l’indifférence internationale.
pagaode Shwedagon, 2000, Photo P. Favaro
Obtenir un visa — pas plus de quinze jours où trois semaines, si mes souvenirs sont exacts — était conditionné par plusieurs critères, notamment celui de visiter le pays dans le cadre d’un circuit organisé. De plus, la junte militaire se livrait à un véritable racket à l’arrivée à l’aéroport obligeant les visiteurs à changer leurs devises contre des coupons « spécial étrangers » qui n’avaient en vérité pas plus de valeur qu’un billet de Monopoly. Pas question d’accepter aucune de ces conditions : je n’ai jamais voyagé en groupe et je me refusais à engraisser cette dictature ubuesque et criminelle. Le voyage semblait compromis. C’était sans compter avec Henri Bouche, un agent de voyage hors pair d'Aix en Provence. Il connaissait quelqu’un à Bangkok qui connaissait quelqu’un à Rangoon… qui nous inventa un groupe organisé… où nous n’étions que Françoise et moi seuls ! La ruse fonctionna à merveille, notre vieux rêve pouvait prendre forme.
La Birmanie est sans doute le pays où j’ai pu voir les choses les plus belles en termes de paysage, le pays où les gens ont le plus d’élégance, de grâce, de gentillesse. Le lac Inlé, le mont Popa, et bien entendu Pagan et ses nuées de pagodes dont celle du "Bouddha prisonnier" restent gravés dans ma mémoire.
lac Inle, 2000, Photo P. Favaro
Pagan, un bouddha à l'étroit dans une pagode étriquée, la légende dit que la statue fut erigée par un prince prisonnier du roi de Pagan afin de faire comprendre à son gêolier l'étendue de la souffrance de celui qui manque de liberté.
2000, Photo P. Favaro
C’est aussi le pays où il nous a été donné de voir le pire en matière de dictature : des hommes et des femmes travaillant à des travaux pharaoniques… mais travaux forcés. Partout on sentait la peur, la suspicion, le flicage, la misère, une extrême misère.
sur la route du mont Popa, 2000, Photo P. Favaro
Pagode Shwedagon, un vieil homme s’assoit discrètement sur le même banc que nous. C’est un prof de math mis au chômage quand toutes les universités ont été fermées par les militaires. Il nous a parlé un long moment sans que nous puissions nous regarder en face parce qu’il craignait ainsi d’éveiller les soupçons chez les indicateurs dont la pagode regorgeait. Parler à un étranger pouvait vous conduire tout droit en prison.
Autre souvenir terrible : cette femme désespérée en haillons, les genoux en sang, qui nous tendait son bébé en nous demandant de le prendre, de l’emmener avec nous. Ou encore cette librairie minuscule, la seule vraie librairie de Rangoon. Les rares livres étaient enfermés derrière une vitrine, ils n’étaient pas à vendre, l’impression de bouquins autres que techniques étant interdite, c'étaient les dernières exemplaires que le libraire possédait.
C’est de tout cela que nous avons tiré notre album Princesse laque, coédité par Amnesty International. L’histoire d’une jeune femme, modeste fille d’un artisan qui représente sur les laques qu’elle confectionne — celles de Birmanie sont parmi les plus belles au monde — le sort de son peuple soumis à la tyrannie.
Les militants égyptiens des droits de l’homme ne s’y sont pas trompés : notre ouvrage a été traduit en arabe dans ce pays.
A l'époque Aung San Suu Kyi était en résidence surveillée dans sa maison, sans communication libre avec l'extérieur.
A la fin de notre album nous l'avions imaginée libre de ses mouvements, flottant avec grâce dans les airs au-dessus d'une Birmanie à la paix et à la démocratie retrouvées.
Une liberté qu'Aung San Suu Kyi vient à peine de retrouver. Tous nos voeux l'accompagnent pour accomplir sa tâche.