Les traitements révoltants que subissent les animaux (élevages, abattoirs, jeux du cirque, etc.) nous ne pouvons les qualifier d'inhumains, car ce sont bien des êtres humains doués de raison, de pensée, qui les pratiquent sur des être qui, prétendons-nous, en sont dépourvus. Théodore Monod disait qu'il serait grand temps que l'homme s'hominise enfin. Oui, mais ce temps risque fort de manquer à l'espèce humaine si elle persiste dans sa rage de tout détruire... pour n'adorer qu'un veau d'or.
"Mais ce ne sont que des bêtes, il ne faut pas faire d'anthropomorphisme" m'objectera-t-on… Quelle stupidité ! Il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir qu'elles partagent avec nous la crainte, la peur de la souffrance, la fuite devant la douleur, la panique, et sans doute même l'angoisse face à une mort proche. Et qu'on ne vienne pas me sortir l'argument fallacieux qu'être sensible au sort de bêtes, c'est ne pas l'être au sort des hommes.
C'est bien tout le contraire!
Le processus mental qui permet à des hommes d'accomplir de tels actes de brutalité abjecte, comme par exemple pour la corrida, est exactement le même que celui qui était en vigueur dans les camps de la mort ou encore celui qui anime le psychopathe . Je ne compare pas les faits, entendons nous bien, j'en entends déjà qui hurlent d'indignation devant ce rapprochement, les faits sont de nature différente, je ne prétends pas le contraire, mais ce que je mets en parallèle, c'est cette défaillance morale (c'est cela la maladie du psychopathe) qui fait qu'en ne donnant plus à l'autre qu'une valeur d'objet, on s'autorise toutes les monstruosités.
Que cet autre soit homme ou bête, qu'est-ce que ça change? Le tortionnaire perçoit l'autre comme un simple objet à sa disposition, l'assassin aussi, le violeur aussi. Et cet "autre ramené à l'objet", on le voit partout dans le monde et chaque jour, ce sont hommes, femmes, enfants... et bêtes.
Alors pourquoi plus précisément mettre en avant le souci de la condition animale? Parce qu'il a une vertu pédagogique, voire rédemptrice oserais-je ajouter. Parce qu'il me semble que tant que nous manquerons d'une compassion minimale envers les êtres les plus faibles que sont en vérité les animaux… comment pourrions-nous en avoir vis à vis de ceux que nous considérons comme appartenant à l'espèce dominante, la nôtre? Tant que cela durera, le pire sera toujours à craindre envers nous-mêmes.
Extrait de mon prochain roman jeunesse: La vérité crue, éditions Thierry Magnier, parution le 3 octobre
Le directeur se dirigea vers le milieu du réfectoire. La salle était enfin devenue silencieuse, les autres enfants s’étaient tus : ils attendaient avec impatience de voir ce qui allait arriver à leur camarade.
— Eh bien ! Qu’est-ce qui se passe ? demanda le directeur avec la voix la plus douce possible.
Le garçon montra son ventre.
— Quoi, ça ne va pas ? Tu as mal à cet endroit ?
— Les petits veaux.
— Quoi ? Mais qu’est-ce que tu me racontes, mon petit ?
Le garçon lui lança à la figure :
— Mon ventre, ce n’est pas un cimetière pour les petits veaux !