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La Grand Marché... de dupes

Ci-dessous, le lien vers un article intéressant mais un peu technolâtre concernant l'édition numérique pour la jeunesse dans le carnet collectif des étudiants du Master professionnel Lettres spécialité Monde du Livre à l'Université d'Aix-Marseille. Il faudrait enfin cesser de faire passer pour une nouvelle évolution du livre les tablettes et autres kindles et cie.. Est-ce qu'un film, tiré d'un livre, et ensuite vendu en DVD ou Blue Ray... est appelé "livre"? Non, en changeant de support, on change l'essence même d'une création. L'ignorer, c'est la réduire au rang d'un produit qui serait  interchangeable, ou plutôt déclinable à souhait. Or, c'est exactement cette vision qu'ont beaucoup d'éditeurs qui se ruent sur l'espérée poule aux oeuf d'or comme le montrent la plupart des exemples cités dans cet article de Julie Polito.

Le propos est documenté, mais on peut regretter qu'il n'y soit nullement question du facteur économique qui motive avant tout cette pratique qui consiste à utiliser des oeuvres déjà disponibles pour en tirer un maximum de bénéfices. Doit-on rappeler une fois de plus que les marges bénéficaires nettes de l'édition papier (quand il y en a !) tournent autour de 2 ou 3% tandis que chez les fournisseurs d'accès, la téléphonie et le numérisé elles avoisinent très souvent les 40 %. On comprend mieux ce qui motive le fameux... passage au numérique!

Reste à examiner ce que la création véritable donnera quand elle s'appropriera  ces nouveaux supports. Une chose est sûre, ce sera justement... autre chose. Un nouveau terrain d'exploration s'ouvre là, personne ne le conteste. Un bémol pourtant: il n'est pas sûr que les nouvelles propositions artistiques dépasseront souvent l'effet gadget et qu'elles ne s'enliseront pas très vite vers la production de masse. Qu'on considère ce que nous a donné l'infographie pour la BD ou l'album jeunesse ou les effets numériques pour le cinéma... force est d'admettre que le bilan n'est pas des plus mirobolants. Je reviendrai un de ces jours là-dessus, car c'est intéressant: plus l'outil devient technologiquement complexe... moins la marge de manoeuvre et la liberté du créateur deviennent  paradoxalement grandes. C'est toute l'opposition homme-liberté/machine-esclavage qui se manifeste ici. Notre société actuelle est entièrement construite là-dessus, pas étonnant alors que tout secteur y échappant encore soit dans le viseur du grand marché (qu'on pense à l'amour ou au sexe... avec les i-machines numériques de rencontres d'une part et le boum des sex-toys de l'autre.)

En tout cas, je crains fort qu'en matière d'édition cela ne contrebalance aucunement les effets pervers d'une "industrialisation généralisée" de la création littéraire et graphique quand cette tendance aura massivement siphoné le public du livre pour le conduire vers des produits numérisés plus rentables. Ce que cela donnera au niveau des jeunes lecteurs? Davantage de cassure entre ceux qui ont un environnement culturel riche et diversifié et les autres, ceux pour qui l'unique pratique culturelle consistera à consommer les produits proposés par la grande distribution. Déséspérant avenir?

L’édition électronique pour la jeunesse: panorama et enjeux.

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