Une devinette estivale. Saurez-vous deviner à quoi cela sert? Petit indice : c'est un cadeau reçu de Viviane Lièvre et Jean-Yves Loude qui rapportèrent ce "petit nécessaire" il y a fort longtemps d'un pays qui m'est très cher. Un pays vers lequel des nuées de jeunes voyageurs convergeaient à une certaine époque... très fleurie!
mots-nomades de Patrice Favaro - Page 27
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Feuilleton de l’été épisode 9 : l'été, on joue...
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Feuilleton de l’été épisode 8 : en roue libre... on cite
« Le véritable écrivain écrit sur les êtres, les choses et les événements, il n'écrit pas sur l'écrire, il se sert de mots, mais ne s'attarde pas aux mots, n'en fait pas l'objet de ses ruminations. Il sera tout, sauf un anatomisme du Verbe. La dissection du langage est la marotte de ceux qui n'ayant rien à dire se confinent dans le dire. »
E. M. Cioran, Écartèlement, in Œuvres (quarto) Gallimard, Paris, 1979.
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Feuilleton de l’été épisode 6 : fin de couv'
Eh bien, oui, la voilà enfin la maquette de la couverture ! Ombres et Petite-Lumière, avec la couv' et les illustrations de Françoise Malaval, à paraître à la mi-septembre.
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Avertising
Ce pourrait être une version thaïe des premières pages de mon roman La vérité crue...
... mais c'est une pub diffusée durant le festival végétarien de Phuket! Ah oui, ce qu'indique le panneau bleu sur la droite ? Abattoir.
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Feuilleton de l’été épisode 5 : questions de style
Je n’ai jamais eu beaucoup de sympathie pour Flaubert, pour le réactionnaire qui écrivit que le suffrage universel est « une honte de l’esprit humain ». En dehors de Bouvard et Pécuchet, jamais eu non plus de plaisir à le lire, Salammbô est pour moi le comble de l’amphigourisme. Alors, pourquoi en parler ici ? Outre le fait que je viens de me mettre à dos une foule d’idolâtres stendhaliens, je sais bien que tout le monde se fiche de savoir ce qu’un modeste auteur comme moi peut penser d’un tel « géant ». Alors quoi ? C’est qu’avec Flaubert se pose l’inévitable question du style en matière de littérature.
L’écrivain est libre, selon les exigences de son style, d’accepter ou de rejeter les prescriptions grammaticales qui régissent la langue française et les seules lois auxquelles il faut se soumettre sont les lois de l’harmonie. »
On ne peut que souscrire à cette ambition, dans un premier temps, car à y regarder de plus près, on peut deviner, me semble-t-il que déjà le vers est dans le fruit. Le vers, avec ou sans jeu de mots, c’est au choix. Oui, cette corruption de la littérature, à mon sens, qu’est le style pour le style. La recherche de l’harmonie, outre le fait qu’elle soit toute subjective, peut aussi se substituer au sens, voire même en tenir lieu. C’est ce que je perçois dans beaucoup de livres contemporains où ce qui devient admirable n’est plus l’art de l’écrivain à nous faire partager sa propre vision et ses interrogations portées sur le monde mais sa capacité à éblouir la galerie par quelque prouesse stylistique et plus encore par son aptitude à user de concepts inédits en ce domaine. Le résultat ? Une littérature de petits malins. Une littérature qui relève avant tout des procédés propres à la pub et à la com' : surprendre, voire choquer, érotiser à outrance, abuser de la pensée-slogan, simplifier le fond à l'extrême pour mieux mettre la forme en avant. Une coquille vide.
Des noms? S'il ne vous en vient aucun, c'est que vous avez banni de votre paysage les plateaux télés dits littéraires!
J'oppose à cette "tendance", une ambition que j'ai toujours faite mienne (et dont je paie le prix fort question tirage de mes bouquins!), celle que l'éditorialiste anarchiste Zo d'Axa définissait ainsi:
"le livre au lieu d'être un instrument de corruption et de ramollissement cérébral (devrait être) une oeuvre d'affranchissement intellectuel"
Concrètement, comment cela se manifeste-t-il? Par ce que j'appelle le style invisible, eh oui, je le revendique, il s'agit bien d'un style, j'en veux pour preuve les heures passées à peaufiner la moindre phrase, à choisir le moindre mot. Mais une écriture qui ne cherche pas à faire la roue comme chez ces écrivains-paons si nombreux, une écriture qui ne s'évertue pas à démontrer au monde combien elle est originale et insolente (concept à la mode). Non, je veux un style souterrain, et une écriture dont tous les "sens" sont tournés vers le dehors, une écriture qui reconnaît son cousinage dans la "littérature monde" telle que l'ont définie et promue Michel Le Bris, Bouvier, Pestelli, Chatwin, Londres, Segalen ou encore un des plus grands stylistes de ce siècle qui, lui, n'a jamais perdu de vue le fond et le sens: Le Clézio.
S'il me fallait donner une définition à ce que j'ambitionne en matière de style, il me faudrait emprunter à la bande dessinée, pour le faire. La ligne claire, chère à l'école belge, voilà ce qui me semble le plus proche de ce à quoi j'aspire. Et j'avoue que je savoure avec un plaisir malin les avis des pseudo-critiques (ils sont légion en littérature pour la jeunesse) qui reprochent parfois à mes livres d'être écrits de façon assez "simple".
En ce moment donc, je "fais du style" une fois de plus en corrigeant et recorrigeant le manuscrit de mon prochain roman, Du sable entre tes doigts, à paraître en octobre prochain aux éditions Le Musacadier dans la nouvelle collection jeunesse dirigée par Éric Denniel: Place du marché .
Et ça se passe comme ça.
Version 1
Cleveland, un matin de septembre 2011.
J’aurais dû te le dire, te faire confiance. Manque de courage. Peur. Oui, peur qu’on se détourne de moi, peur d’être mis au rancart. C’était débile, bien sûr. Maintenant c’est moi qui te tourne le dos : je pars. T’apercevoir une dernière fois. Ta silhouette rapetisse à travers la lunette arrière du van. Tu me fais un signe de la main : levée, grande ouverte. L’autre est cachée, je sais ton poing serré à se faire mal. Pour masquer l’émotion. Pour ne pas qu’elle déborde, qu’elle te trahisse. Est-ce qu’on se reverra un jour ? Pas une chance sur un million que ça nous arrive, pas vrai ? J’abaisse la vitre, je me penche dehors pour regarder en arrière, le vent me fouette la nuque, je te crie de toutes mes forces : Adiós compañero !
Version 2
Cleveland, un matin de septembre 2011
J’aurais dû te dire, avoir confiance. Manque de courage. Peur. Oui, peur d’être mis au rancart. J’ai été débile, bien sûr. Maintenant, c’est moi qui te tourne le dos : je pars. Ta silhouette rapetisse à travers la lunette arrière du van. J’abaisse la vitre, je me penche dehors pour regarder en arrière. Tu me fais un signe de la main : levée, grande ouverte. L’autre est cachée, je sais ton poing serré à faire mal. Garder l’émotion en-dedans. Faut pas qu’elle déborde, qu’elle nous trahisse. Est-ce qu’on se reverra un jour, Diego ? Une chance sur un million que ça nous arrive, pas vrai ? Je crie de toutes mes forces dans l’air qui me fouette le visage : Adiós compañero !
Et je me détourne pour regarder droit devant.
Et pour conclure cet épisode, question de style, le grand Léo n'en manquait pas.
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Animaux d'élevages maltraités
Animaux d'élevages maltraités : nos images censurées, où est la liberté d'information ?
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Feuilleton de l’été épisode 4 : naissance d'une couv' sans douleur
Le travail de création d’une couverture n’est pas toujours aussi long et sujet à interventions multiples de l’éditeur que celui que j’ai présenté dans l’épisode 3 de ce feuilleton estival. Cela peut se passer tout autrement, en particulier quand il s’agit d’un album et que celui-ci ne s’inscrit pas dans une collection déjà existante et très formatée mais se conçoit éditorialement comme un ouvrage unique et particulier. Un prototype, en quelque sorte. Ce sera bien le cas, et plutôt deux fois qu’une, avec LA FAIM DE L’OGRE, le prochain album que Françoise et moi avons signé aux éditions Vents d’Ailleurs et qui sera en librairie le 17 octobre.
Ce mardi donc, nous avions rendez-vous en Arles avec Jutta Hepke et Gilles Colleu pour leur remettre la peinture sur bois réalisée par Françoise pour la couverture et découvrir le projet (la maquette en blanc) retenu pour l’objet car il revêtira une forme peu habituelle (mais j’en dirai un peu plus dans les semaines qui viennent).
Professionnalisme, confiance, sens de l’écoute, acuité du jugement et respect réciproque, et puis temps qu’on donne au temps... quand tout cela est réuni, point besoin de tergiversations, de négociations, voire de concessions pour élaborer une couverture : l’illustrateur (trice) peut se sentir pousser des ailes, oser, et aller droit au but sans presque une hésitation.
Le seul « repentir » au projet initial a été un essai de couleur moins sanguine pour l’ogre (voir ci-dessous) mais très vite abandonnée pour revenir à la première version.
Dès la rentrée, je vous présenterai sur ce même blog et celui de Françoise (ici) tout le processus de création depuis nos deux voyages d’études sur les peintures murales en Thaïlande jusqu’aux différentes phases de notre travail d’écriture et d’illustration.
J'en profite pour vous présenter ci-dessous les excellentes éditions Vents d'Ailleurs chez qui Françoise a déjà publié un album, Le camion frontière, écrit par l'ami Jean-Yves Loude.
Créées à Fort-de-France en 1994, les éditions Vents d’ailleurs sont actuellement installées à Arles.
(vers le site en cliquant ci-dessus)
Gilles Colleu et Jutta Hepke qui ont fondé la maison et la dirigent sont « convaincus que la connaissance des cultures d’ailleurs, la connaissance des cultures des autres, aide à construire une société plus solidaire et enrichit tout être humain dans sa recherche d’humanité. Il est par conséquent important de construire des passerelles et de mettre à la disposition des uns et des autres les outils pour devenir ou être un citoyen du monde actuel. L’écrit, la littérature, les arts, le livre y contribuent. »
Ils définissent ainsi leur politique éditoriale « des ouvrages qui racontent des histoires de l’“intérieur”, des textes, des récits qui ne posent pas de regard sur une autre culture ou sur un ailleurs fantasmé, mais, tout au contraire, nous proviennent de l’ailleurs. Ces histoires nous font rêver, nous interrogent, nous interpellent. L’angle d’approche est inversé, le déplacement du regard change tout. Nos représentations, ici en France, dans un pays riche du Nord, sont mises en question, nos repères se déplacent. Les imaginaires, les écrits, les idées, les images, les expressions culturelles se croisent, s’interpénètrent, s’entrechoquent. »
Vents d’ailleurs est membre de l’Alliance des éditeurs indépendants, de l’association Éditeurs sans frontières et de l’association Jedi Paca. Vents d’ailleurs est distribué en Haïti par Communication Plus et au Canada par Dimédia. -
Etre compris
Il y a d’abord la nécessité d’écrire sur un sujet parce qu’il vous tient à cœur, parce que vous ne pouvez pas faire autrement, parce que c’est important, peut-être même vital. Ensuite, il arrive qu’on éprouve le plaisir d’avoir été lu, on se dit alors qu’on n'a peut-être pas écrit pour rien ni pour personne et que la bouteille jetée à la mer avec son message a été trouvée par quelqu’un quelque part... Parfois, rarement il est vrai, il advient un témoignage qui vous démontre que vous avez été entièrement compris. Je crois que c’est le plus grand bonheur que l’écriture peut me procurer.
Merci à Nicole pour son bel article sur son excellent blog Libr'Animo qui présente une sélection commentée de livres jeunesse s’intéressant aux relations humain/animal. Je vous invite vivement à le découvrir.
« Rien n’échappe au regard mobile du jeune Jésus, qui a tant de mal a coordonner ses mouvements mais possède une force que rien n’ébranle. Il dérange, peut-être moins par son handicap, entrave quotidienne à la vie de son entourage, que par sa sensibilité à fleur de peau. Par sa façon de l’exprimer, par son authenticité, il sème le désordre et malmène les certitudes, y compris sans doute, celles de certains lecteurs. Il oblige en effet à regarder en face, à travers lui, une vérité qu’il est d’usage d’ignorer : la façon dont les humains, être sensés, doués de libre arbitre, tourmentent d’autres êtres dont ils ne peuvent honnêtement nier les souffrances." -
Feuilleton de l’été épisode 3 : naissance d'une couv côté illustratrice
Comme je l’écrivais dans le post précédent : il est très rare pour un auteur dans le domaine du roman jeunesse (pour l’album, c’est parfois différent) de voir de près comment cela se passe du côté de l’illustrateur (trice) ou chez le (la) graphiste à propos de la couverture. Cela ne m’est arrivé qu’une fois avec Françoise pour un roman paru chez Syros. Un assez mauvais souvenir puisque l’éditrice avait fait passer à notre insu (à tous deux) la très belle et forte image réalisée par Françoise pour la couverture en 4éme de couv', et vice versa ce qui ne voulait plus rien dire du tout ! J’ai déjà évoqué cela par le passé. Ci-dessous l’objet du délit pour simple rappel (cliquer sur les images pour agrandir).
Cette fois, pour Ombres et Petite-Lumière à paraître chez Belin Jeunesse en septembre, les choses sont calées de façon beaucoup plus respectueuse du travail de l’illustratrice et tout s’élabore (même très longuement !) en amont au moyen de crayonnés, d’esquisses, voire d'illustrations achevées. Un énorme travail. J’ai ainsi pu suivre tout le processus d’élaboration de cette couverture mené par Françoise.
Comme souvent dans mes romans jeunesse, le thème de la transmission est central (ici celle d’un maître du théâtre d’ombres à une fillette alors que c’est un art exclusivement réservé aux hommes en Inde). Françoise a eu l’idée de proposer une image symbolisant cette transmission, avec un décor typique du Kerala, en Inde du Sud, où se déroule le roman. On y voit notamment l’édifice qui accueille le théâtre d’ombres situé à l’avant d’un temple dédié à la déesse Bhadra Kâli.
L’image n’a pas été acceptée, demande a été faite de resserrer plus le cadre autour de l’héroïne du roman, Petite-Lumière ; ce qui se justifie assez par la taille réduite qu’ont les images de couverture dans cette collection appelée Terres Insolites. D’où nouvelle esquisse.
Les couleurs n’étaient pas assez flashy. D’où nouvelle palette.
Le cadre autour de Petite-Lumière : trop vide. Donc rajouts de végétaux tropicaux: ici, heliconia rostrata!
Finalement, cela ne convenait à personne... Françoise et moi, nous sommes alors souvenus d’une de nos rencontres avec un des derniers montreurs d’ombres en Inde : monsieur Ramachandra Pulavar. Quand il voulait nous montrer le détail et l’effet d’une ombre alors qu’il faisait plein jour : il se mettait devant une fenêtre et faisait comme ci-dessous.
Premier crayonné avec non pas un encadrement de fenêtre mais celui d'une porte typique du Kerala.
Puis, essai de couleur et apparition de l’ombre du singe guerrier Hanuman, cette fois en noir par effet de contre-jour comme sur la photo.
On sent qu’on y est presque ! Mais à quoi bon cette porte ! Françoise fait sauter ce décor surperflu pour ne laisser que l’essentiel qui s’inscrira un peu de cette façon sur la maquette propre à cette collection. La proposition plait à tout le monde (éditrice, directeur de collection, auteur... et l’illustatrrice, elle-même).
Ne reste alors plus (façon de parler !) qu’a réaliser le projet définitif, ce qu’a fait de main de maître Françoise. À quoi ressemble-t-il précisément ? Il va falloir attendre la sortie du livre pour le savoir ! On ne va quand même pas tout vous dévoiler avant !
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Feuilleton de l’été épisode 2 : Naissance d’une couv... vue du côté auteur
La couverture ! Lorsque l’auteur la découvre enfin, une large palette de sentiments s’offre à lui : surprise, enthousiasme, effondrement, indignation, acceptation, révolte, bonheur, rage… Lorsqu’il prend connaissance de la couverture qu’on lui envoie (en PDF), généralement au moment des corrections d’épreuves, et à moins d’être un auteur à succès qui pèse suffisamment pour imposer ses volontés, le choix est déjà validé par l’éditeur lui seul (enfin, je devrais plutôt dire : de plus en plus après l’avis des sacro-saints commerciaux, les représentants de commerce du livre, autrement dit !). Dans les contrats d’auteur, il n’est jamais prévu de clause concernant la couverture (à ma connaissance en tout cas), et à moins que celle-ci ne puisse porter un réel préjudice moral à l’auteur (d’où nécessité d’une procédure judiciaire, on imagine la galère !) l’écrivain n’y pourra rien changer, ou presque. Son champ d’action est en fait étroitement lié au facteur humain et à la relation qu’il entretient avec son éditeur.
J’ai la chance d’avoir certains éditeurs qui me demandent mon avis, alors qu'il en est d’autres qui ne s’en soucient pas le moins du monde. Chez ceux qui me demandent mon avis, certains le font par pure politesse et si je n’aime pas la couverture… ça ne change rien. D’autres, les moins nombreux, prennent en considération ce que j’avance en faveur ou en défaveur d’un choix (chez Thierry Magnier et Actes Sud Jeunesse notamment et je tiens tout particulièrement à saluer ces deux maisons ici pour le respect des auteurs qu’elles ont). Parfois, la situation est un peu compliquée par les aléas du calendrier d’impression et la nécessite de faire plancher à nouveau un illustrateur sur une seconde couverture, alors qu’on peut supposer qu’il trouvait géniale la première proposée. J’ai eu le cas d’une couverture que je n’aimais pas du tout, mon avis a été entendu mais sans pour autant que le choix soit abandonné ; par chance, les commerciaux ayant également trouvé la couverture affreuse, elle a donc été changée mais à ce moment-là seulement. Dans la "chaîne" du livre, on n'a pas tous le même poids!
Ci-dessus, les couvertures paticulièrement réussies selon moi.
Celles qui m’ont donné de l’urticaire ci-dessous.
Et enfin les couvertures dont je n’ai pas voulu… et que je n’ai pas eues (ouf !)