Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pensées

  • Pensée pesée

    Je regarde le monde, et cette classe politique, qui conjugue chaque jour un peu plus compromission et lâcheté, mépris et trahisonincompétence et corruption,  et je pense aux mots écrits par Camus durant l'été 1944 dans le journal Combat:

    "Nous sommes décidés à remplacer la politique par la morale, c'est ce que nous appelons une révolution".

     

     

  • A propos du plus mal aimé de mes livres...

    Mon roman La vérité crue, même s'il a obtenu le prix le plus important du livre jeunesse en Suisse, le prix de la RTS Radio Télévision Suisse en 2014 à Génève, reste le plus mal aimé de mes livres dans l'Hexagone.

     

    Alors que je suis si souvent invité à parler de l'un ou l'autre de mes livres dans les classes, les bibliothèques ou à l'occasion des salons du livre... je ne le suis quasiment jamais pour celui-là! Une explication? J'en donnais déjà une sur le site de la RTS dans une interview où je répondais à la question:

     

    D’où vous est venue l’idée de ce livre ?

    En tant qu'auteur, je dois avouer que j’ai un faible tout particulier pour ce roman, comme un père ou une mère pourrait en avoir pour un enfant qui ne serait pas tout à fait comme les autres. Car c’est bien du thème de la différence que traite principalement La vérité crue. Une différence due tout d’abord au handicap, cette dyspraxie qui encombre mon personnage appelé Jésus dans ses gestes les plus simples. Mais aussi ce qui le met plus encore à l’écart: sa manière de percevoir le monde et tous les êtres vivants non pas comme le ferait le plus grand nombre mais à sa façon, sans tricher, sans faux-semblant, sans hypocrisie. Et c’est cela qui dérange le plus: la vérité toute crue n’est pas toujours bonne à dire… elle met mal à l’aise ceux qui n’ont pas le courage de l’aborder de face. Si mal à l’aise que les réactions méprisantes, sarcastiques, voire violentes, ne tardent pas en général. Essayez donc de dire à table que vous vous refusez à manger les animaux comme le héros de ce roman, par exemple, pour en avoir une petite idée!

    Plus d’une fois, j’ai rencontré dans mon parcours d’auteurs des ados qui se refusaient à faire comme les fameux trois singes chinois: le premier ayant les mains devant les yeux, le second se bouchant les oreilles, et le troisième avec une main posée sur la bouche. Je sais le courage qu'il faut à un adolescent pour assumer certaines différences: celle de vivre autrement, celle d’avoir une sensibilité particulière, celle de vouloir respecter la vie sous toutes ses formes. C’est pour témoigner du courage que certains manifestent au quotidien pour suivre leur propre chemin que j’ai écrit La vérité crue. Il y a longtemps, fort longtemps, on pourrait presque dire dans une autre vie, j’ai été de ceux-là. 

    laveritecrue06-4.jpg

     

  • Bonne route, Christian

    Christian Puard, un ami, un peintre, un artiste, s’en est allé hier au dernier jour d’avril. Françoise et moi avons partagé avec lui une amitié de quarante ans, sans nuages. Une amitié s’écrivant parfois en pointillés parce que la vie des uns et des autres ne va pas toujours au même pas, surtout quand on partage le même goût pour les voyages, mais une amitié jamais interrompue, toujours fidèle.

    Cp.jpg

    Pendant quarante ans, Christian a été des toutes les aventures que Françoise et moi avons menées : la musique et la lutherie, tout d’abord, à laquelle il s’est essayé un temps dans mon atelier de Rognes. Ensuite, le dessin avec les cours qu’il donnait à Françoise en échange des miens sur la fabrication instrumentale ; puis le théâtre, en prêtant son pinceau et son talent à notre compagnie, le Théâtre de la Fiera : affiches, programmes et de magnifiques décors.

     

    cp-3.jpg

     

    cp 4.jpg

    Ensuite vinrent les voyages : la Grèce, Ithaque, le voilier et des bords tirés sous les coups de meltem entre la Turquie et les îles du Dodécanèse. Puis ce fut l’Inde, qu’il nous a poussés à découvrir et dont la première porte s’est ouverte à Chandigarh grâce à lui. Une Inde où nous nous sommes retrouvés plus d’une fois : l’hiver à Delhi avec son amie S., à Pondichéry dans le vieux quartier français, dans la trépidante Bangalore, au cœur des temples joyaux de Belur ou d’Halebid...

     

    jp-2.jpg

    ici avec Raj et moi-même

    Ou encore dans la chaleur étouffante de Mangalore pour le mariage de P. notre meilleur ami indien...

     

    jp3.jpg

    ici avec Françoise et Anne

     

    Des brassées de bons souvenirs, ceux qui font que la vie mérite d’être vécue, avec le même appétit gourmand que Christian savait si bien montrer.

    christian puard.jpg

    La peinture, Christian la vivait sans concession ni compromis. Je ne l’ai jamais vu dévier ni céder à la facilité et au tape-à-l’œil. Christian maîtrisait à la perfection la difficile technique de la peinture a tempera. Il préparait lui-même ses couleurs, en mélangeant pigments et jaune d’œuf. Ensuite venait un très long et minutieux travail de superposition de couches, nombreuses et fluides, qui donnaient une incroyable lumière intérieure et des couleurs profondes et fortes à ses tableaux. Un labeur quasi monacal demandant savoir, talent, patience et concentration, Christian en avait d’ailleurs appris les rudiments avec des peintres d’icônes comme Nicholai Greshny. Il disait de sa peinture qu’elle était le tribut qu’il payait en retour à l’Inde pour ce qu’elle lui avait offert.

    Son œuvre, parce qu’il s’agit réellement d’une œuvre cohérente et inspirée, va bien au-delà du néo-tantrisme auquel on pourrait un peu trop vite l’associer. Si les références au tantrisme sont nombreuses, avec des figures symboliques comme le lotus, le mandala, mais aussi le yoni, son œuvre est sans doute plus encore empreinte de musique et de danse indienne. Christian confiait à un journaliste du Hindu (article à lire ici) à propos de son exposition, A tribute to India, à la New Delhi’s Experimental Art Gallery de Delhi . «  La musique est un lien entre les différentes parties du corps et la danse est le langage du corps. Je ne cherche pas la simple imitation dans mon travail. Je veux partager ma compréhension de la philosophie de ce pays». Afin de s’en imprégner, Christian a été un habitué du festival de Madras et de Mahabalipuram. Deux manifestations annuelles où se produisent les meilleurs musiciens de l’Inde, mais aussi danseurs et danseuses les plus fameux dans le style Bharata Natyam, Odissi ou Kuchipudi. Mille fois, nos vues sur l’art, les arts, les artistes, l’authenticité des uns, les tricheries des autres, nous ont entraînés dans de longues discussions, la nuit venue, sous la tonnelle du mas de Rognes, dans le jardin de curé de notre maison de Mallemort, dans un resto de Pondy, sur un chemin du Queyras…

     

    004.jpg

    peinture sous verre offerte pour mes 50 ans par C.Puard

    Il y a une semaine, je suis allé dire au revoir à Christian, et, juste avant de nous séparer, nous nous sommes souhaité mutuellement bonne route dans une dernière accolade. Je savais que je ne le reverrais pas. Ces derniers instants d’amitié que nous avons partagés, je les garde précieusement. C’est une chance d’avoir croisé quelqu’un comme lui. Je sais que nous avons été nombreux dans ce cas : jusqu’au bout de son chemin Christian a été chaleureusement entouré. C'est la plus belle des preuves.

    Fais bonne route, mon ami.

     

    PS Françoise et moi adressons à ses proches toutes nos pensées affectueuses.

     

    On peut voir quelques œuvres de Christian Puard sur le blog de Pedro Mendez (cliquez sur le tableau ci-dessous)

    5.JPG

  • Lundi, c'est poésie!

    Terres violentées

    Rêves abandonnés

    Voici venu le monde nouveau

    Nos âmes départies

    Que sommes-nous devenus ?

    Homo ex machina…

    Désormais, on le sait

    L’homme descend de la machine.

     

    P.F., août 2014

    city 004.jpg

    Bangkok. Photo P.F.

  • Citation

    Entendu sur France Culture

     

    Le metteur en scène Declan Donnellan dire: "L’imagination, c’est ce qui nous est donné non pas pour inventer des autres mondes mais pour explorer le réel."

    France Culture Emission La Grande traversée 17 juillet

     

    "Looking for William Shakespeare" ACTE IV : On stage

     

    Une bonne introduction au débat auquel je participerai en octobre prochain dans le cadre de Lire en Poche à Gradignan: Quand le quotidien est le cadre de la fiction.

  • Amers

    J'avais écrit, il y a quelques années, un texte sur l'architecture industrielle à la commande de la DRAC Provence. Il me semble toujours d'actualité quant à l'absence de conscience écologique en France.

     

    AMERS


    Voyage récurrent. Tourbillons de sable, de sel : un vent d’hiver balaie le paysage, l’efface. Seule importe à présent l’épure des lieux. Comme aimanté par cette terre laminée, je traverse la Crau afin de rejoindre à nouveau le complexe portuaire et industriel de Fos-sur-Mer. La N 568, puis la 268 déroulent leurs lames d’acier plat. De part et d’autre, l’espace paraît se courber davantage et le regard s’épuise bien avant d’avoir atteint une hypothétique ligne d’horizon. Au-delà, je devine la mer à l’étroite bande nuageuse qu’elle laisse sourdre. La Méditerranée se dérobe, elle s’aplatit, se dissimule sous forme d’étangs, de tables salantes dont l’eau saturée prend des reflets violacés.

    Je me sens naufragé. Naufragé au milieu de sables émouvants.

    Paroles entendues : « Tu sais, avant le séisme, pour aller de Fos à Port Saint-Louis, on faisait quinze kilomètres à travers les manades. Maintenant, la route en a trente-trois, et on passe par nulle part ! »

     

    La suite est à lire ici.

     

    Contes indiens 007.jpg

    Hyderabad, Photo P.Favaro

  • Note encore jetée à "l'amer"

    L’homme est un singe pour l’homme.

     

    DSCN6051.JPG

    Karnataka, Photos P.Favaro

  • Note jetée à "l'amer"

    On n’est jamais aussi intelligent que lorsqu’on se tait.

     

     

    DSCN4735.JPG

    Ile de la Réunion. Photo P. Favaro

     

     

  • Notes retrouvées 4

    Pensées jetées...

     

    Nous avons construit la société du pire. Comment dès lors s’étonner qu’il advienne ?

     

    Ce que l’on hait nous consume, ce que l’on aime nous conserve.

     

    La première des ignorances, c’est d’ignorer combien nous sommes ignorants. 

     

    La vieillesse est une terre d’exil. L’intelligence aussi.

     

    On a déjà tout écrit sur tout, la seule chose qui soit encore inédite ? L’histoire personnelle de chacun.

     

    Si l’on observe la coquille d’un escargot des haies, on s’aperçoit que demeure en son centre la forme de l’embryon de spire parfaitement lisse sans stries de croissance, c’est la coquille qu’avait l’escargot à sa naissance. Comme il grandit en spirale à partir de celle-ci, il la conserve intacte toute sa vie. Il en va de même pour nous, êtres humains, nous portons la même "première empreinte" gravée sur nous, du premier au dernier jour.

     

     

    lac 037.jpg

    Bangkok Photo P. FAVARO

     

     

  • Notes retrouvées 3

    L’écriture met en jeu un mécanisme diamétralement opposé à la parole puisque la pensée s’y affine, s’aiguise sous l’abrasion répétée de la relecture, du réexamen, de la réécriture. Or c’est bien cette caractéristique qui est mise à mal par « l’écriture numérique ». Si le courriel, et plus encore la messagerie électronique instantanée, mettait déjà à mal cette caractéristique en favorisant l’instantanéité de l’écrit, encore ne se limitait-on en les utilisant qu’à la seule fonction du dialogue. Un dialogue qui, par son essence même, parvenait sans trop de mal à changer de support, à passer des cordes vocales au clavier, puisque dans un cas comme dans l’autre le temps de réponse forcément bref dans ce type d’échange exclut qu’on approfondisse trop sa pensée avant de l’énoncer. On remarquera d’ailleurs à ce sujet que le courriel s’est davantage substitué à un certain type de dialogue réservé au téléphone qu’à celui de la missive. Mais avec l’avènement des réseaux, Facebook et autres Twitter, c’est désormais la pensée même qui se trouve affectée par le support. On a lâché désormais ce qu’on écrit comme un mot prononcé autrefois : trop vite, trop tôt, d’un simple clic, sans avoir longuement mâché sa pensée, sans l’avoir tournée et retournée au moins sept fois. Résultat : un flot de pensées anémiques circule désormais sans limitation de vitesse, à travers toute la planète, portées à la vitesse de la lumière par des fibres optiques, mais des pensées diaphanes, nées avant terme. Des pensées qui ont l’air du temps, de notre temps : instantané et déficient.

    D’autre part, il faut bien considérer que la pensée parlée est fille publique, elle se donne, s’offre au plus grand nombre sitôt proférée. C’est d’ailleurs ce sur quoi s’appuie la classe politique qui a désormais abandonné la formulation d’une pensée au profit du seul énoncé d’une formule. L’art de la petite phrase, ces fameuses petites phrases, les seules à même d’alimenter les besoins incessants et insatiables du flot continu et instantané de prétendues informations télévisées, radiophoniques et « internetisées », celles que le tambour médiatique va s’empresser de faire entendre à tous et partout, jusqu’à la nausée, avant de passer à de nouvelles formules-choc dans un mouvement incessant et brownien.

     

     

    Sukhumvit 16 003.jpg

     

     

    Bangkok Photo P.F.