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Pensées - Page 2

  • Notes retrouvées 2

    Suite.

    Il faudrait qu’on puisse trouver des shampoings pour la tête d’un genre bien particulier : des shampoings qui vous laveraient l’intérieur de la tête.

     

    Les trois I : Inconscience, Ignorance et Infantilisme. Le système repose sur ces trois manquements aux facultés d’analyse et de discernement, sur ces trois pivots s’articule la défaillance de l’esprit critique qui est la marque de ce temps.

     

    La pensée parlée, la pensée formulée oralement, est une pensée sur laquelle on ne revient pas. Sitôt lâchée, la voilà autonome, comme un enfant ingrat, un fils prodigue, elle vous tourne le dos, vous abandonne, ne vous appartient plus, et vous avez beau lui courir après vous ne la rattraperez jamais.

     

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    Pré de la Chalp Ronde, photo P.F.

  • Notes retrouvées

    Un déménagement, et les mois qui suivent, sont souvent l"occasion de voir ressurgir des objets qu'on croyait disparus, comme ceux que rejette un glacier des décennies plus tard. Un carnet de notes par exemple que j'avais prises au début des années 2000.

    Même si la torpeur estivale n'est pas au rendez-vous, la saison est propice à une certaine vacance concernant l'actualité littéraire en ce qui me concerne. L'occasion rêvée de faire ressurgir ces courtes notes et pensées qui autrement se sédimenteraient à jamais. De revoir aussi quelques photos prises dans ces années-là.

    Bonne visite dans ce flash back.

     

    Observations : un homme en train de photographier sa femme, sa voiture et le paysage en arrière plan. Il avançait, reculait, petits pas et petits pas sur le côté, pour trouver le bon cadrage. Ses mocassins vernis faisaient des claquettes sur l’asphalte.

     

    Dans les falaises face au Roux d’Abries, la silhouette d’un très grand rapace noir à taches blanches.

     

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    Photo. PF. Ombre sur un versant, sur le chemin menant du col Bouchet

     

    Sous la jupe des marguerites, des bas-résille.

     

    Deux zygènes filipendules (quel nom !) mortes côte à côte sur le chemin, à deux pas de leurs chardons de prédilection.

     

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    Photo. PF. Un 15 août au col Agnel... neige et fleurs d'été !

  • Pensée du jeudi matin

    Ce qui a fait le succès de Facebook, c’est que le réseau fonctionne à la façon notre pensée discursive intérieure, je désigne ainsi le flux de notre agitation mentale incessante, la petite voix babillarde qui ne se tait jamais. Les pensées arrivent, naissent spontanément, se succèdent interminablement comme des bulles de savon, l’une chassant l’autre. Parfois, on se met à en suivre une mais elle vous conduit inévitablement à une autre à laquelle on s’accroche à nouveau et ainsi de suite. Quand on se retire (en se déconnectant pour ce qui concerne les réseaux sociaux, en méditant pour la pensée), quand donc on parvient à interrompre le flux, on s’aperçoit alors que tout cela est vain, inutile, qu’il n’en reste rien, de l’eau qui file entre les doigts, des instants de vraie vie volés, perdus à jamais.

     

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    Une "méditation" de sable, bois et coquillages de Nouvelle Calédonie signée Françoise Malaval

  • Feuilleton de l’été épisode 8 : en roue libre... on cite

    « Le véritable écrivain écrit sur les êtres, les choses et les événements, il n'écrit pas sur l'écrire, il se sert de mots, mais ne s'attarde pas aux mots, n'en fait pas l'objet de ses ruminations. Il sera tout, sauf un anatomisme du Verbe. La dissection du langage est la marotte de ceux qui n'ayant rien à dire se confinent dans le dire. »

     

    E. M. Cioran, Écartèlement, in Œuvres (quarto) Gallimard, Paris, 1979.

  • Vocations précoces

    Une question cent fois posée : quand cela vous a-t-il pris de vouloir écrire ? Je réponds toujours : dès que j’ai su le faire... vers 6-7 ans ! On pense souvent qu’il ne s’agit là que d’une pirouette. Mais non, je crois que tout créateur ne fait que réaliser le rêve d’enfant qu’il porte en lui. Certains ont la chance d’en avoir conscience très tôt, ils peuvent donc s’y atteler encore jeune.  À d’autres, il faut plus longtemps, le chemin est plus sinueux, ce fut le cas pour moi qui n’ai écrit mon premier roman qu’à l’âge de 40 ans ! Pourtant l’envie était là depuis toujours... mais je pensais que ce n’était pas pour moi, que je n'en serais pas capable, qu'il me fallait gagner ma vie autrement. Un même parcours pour Françoise Malaval.


    En rangeant nos archives, courriers, photos, etc., je suis tombé sur une sorte de petite carte adressée par Françoise à sa grand-mère alors qu’elle n’avait que 7 ans. Françoise n'en garde pas le moindre souvenir et elle a encore moins idée de comment ce modeste bout de papier a pu traverser les décennies (et de nombreux déménagements) sans se perdre.

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    Sur le verso, une peinture qu’elle a réalisée pour illustrer (eh oui, déjà !) son petit mot.

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    Tout est là dès le départ, les premières années: nos passions, nos talents, notre force créatrice... On ne devrait jamais écouter tous ceux qui veulent nous persuader qu’il faut en faire le deuil pour vivre « sérieusement ». Ceux-là nous mentent, ceux-là entendent faire passer leur faiblesse, leur peur, leur renoncement à leurs rêves pour une loi universelle qu’ils appellent indument : devenir adulte. Mais ceux-là, c’est de la vraie vie qu’ils font le deuil, ils sont devenus vieux avant même que d'avoir vécu. Il n'existe qu'une seule vérité pour vraiment grandir sans perdre son temps : ne jamais se laisser berner par un pareil chant des sirènes !

     

  • Abréactionnons!

    On me reproche quelques fois les thèmes difficiles voire douloureux que j'aborde dans mes romans pour la jeunesse. Je réponds ici par les mots d'un autre.

    « Si, donc, les structures textuelles maintiennent en éveil la conscience critique du lecteur, le retour du refoulé dans la lecture conduira à la progression et non à la régression. Au lieu de revivre servilement une scène “identique”, le lecteur pourra se réinvestir différemment dans une “même” scène. La lecture de certains textes permet ainsi des “effets en retour” qui rendent possible l’“abréaction” […] décharge émotionnelle par laquelle un sujet peut se libérer des traces en lui d’un événement traumatique. » Vincent Jouve, La lecture, p. 103, Hachette, réédition de 2006).

    Oui, voilà, j'écris des textes abréaction... ça vole plus vite et plus haut!

  • Futurisons!

    La survie d’un écrivain face à la dématérialisation du livre due au numérique (qui, contrairement aux idées niaiseuses ne favorise par essence que les flux d’importance, de forts volumes, en l’occurrence les ouvrages destinés au grand, voire au très grand, public — qu’on examine les  politiques de Google, Apple, Amazon abandonnant sans sourciller des pans entiers d’activités s’ils ne sont pas hyper rentables) —, la survie de l’écrivain donc, face à ce qui se révélera n’être qu’un nouvel avatar de la grande distribution (numérique celle-là), repose désormais sur sa capacité à opposer l’incarnation à la dématérialisation, la présence charnelle à la virtualité, le contact direct à l’illusion numérique. Oui, sa survie réside dans le fait d’œuvrer, d’occuper le terrain, de se battre partout où l’humain n’a pas abandonné la place au profit de l’interface-écran afin d’accompagner à chaque fois sa pensée et son écriture du poids de sa présence vraie !

    C’est cela le contre-modèle : la présence !

    Parce que déjà le texte ne se suffit plus entièrement à lui-même aux yeux d'un large public mais aussi des lecteurs lettrés. On peut le déplorer — et je le déplore —, on peut redouter de voir l’écrivain contraint ou réduit à n'être avant toute chose qu'un perfomer (comme la multiplication des lectures publiques le laisse présager) et donc que la qualité intrinsèque de son écriture soit supplantée par la capacité qu'il a à maîtriser les rouages de la société du spectacle — et je le redoute —, mais c’est ainsi, il faut être aveugle pour ne pas s’en rendre compte.