J'avais écrit, il y a quelques années, un texte sur l'architecture industrielle à la commande de la DRAC Provence. Il me semble toujours d'actualité quant à l'absence de conscience écologique en France.
AMERS
Voyage récurrent. Tourbillons de sable, de sel : un vent d’hiver balaie le paysage, l’efface. Seule importe à présent l’épure des lieux. Comme aimanté par cette terre laminée, je traverse la Crau afin de rejoindre à nouveau le complexe portuaire et industriel de Fos-sur-Mer. La N 568, puis la 268 déroulent leurs lames d’acier plat. De part et d’autre, l’espace paraît se courber davantage et le regard s’épuise bien avant d’avoir atteint une hypothétique ligne d’horizon. Au-delà, je devine la mer à l’étroite bande nuageuse qu’elle laisse sourdre. La Méditerranée se dérobe, elle s’aplatit, se dissimule sous forme d’étangs, de tables salantes dont l’eau saturée prend des reflets violacés.Je me sens naufragé. Naufragé au milieu de sables émouvants.
Paroles entendues : « Tu sais, avant le séisme, pour aller de Fos à Port Saint-Louis, on faisait quinze kilomètres à travers les manades. Maintenant, la route en a trente-trois, et on passe par nulle part ! »
Hyderabad, Photo P.Favaro