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Il est bien des livres qui font voyager sans que leur auteur n’ait parcouru le vaste monde sinon par imagination... C’est le cas du Livre des merveilles du monde que l’on doit à un certain Jean de Mandeville, chevalier anglais du XIVe dont la vie est auréolée de mystère. Il n’en fallait pas plus pour inspirer l’écrivain Patrice Favaro et l’illustratrice Françoise Malaval, alors même que la Médiathèque départementale invitait les membres de son réseau à entreprendre des Voyages immobiles, un thème propice aux lectures publiques et aux animations (de 2012 à 2014). Pendant leur résidence de création à l’Isle-sur-le-Doubs, les deux auteurs ont mené des ateliers avec les scolaires et leurs enseignants, ainsi qu’avec les lecteurs de la médiathèque intercommunale. Cette effervescence créative a pris la forme notamment d’un livre-accordéon de 11 mètres de long, de carnets de voyage... Parallèlement, Françoise Malaval et Patrice Favaro se lançaient sur les traces de Jean de Mandeville dans un Voyage au-delà du par-delà qui a pris la forme d’un livre publié aux éditions Æcrages & Co. « Partager son travail avec différents publics dans le cadre d’une résidence de création, c’est très motivant et cela donne du sens à nos projets, confie Patrice Favaro. Soumettre son travail en cours d’élaboration au regard de l’autre suscite des questions inattendues et incite à explorer de nouvelles pratiques. » Après cette expérience dépaysante, la Médiathèque départementale prépare une nouvelle résidence d’auteurs.
Bon, je ne suis pas sûr de souscrire au commentaire de Roland... sur le caractère "ancien" des illustrations et du bouquin. Certes les illustrations sont figuratives, ça oui, mais le fait qu'il en existe dans des tas de bouquins de poésie qui ne représentent rien du tout ne les rend pas pour autant "modernes et contemporaines"!
Les premiers exemplaires de "Voyage au-delà du par-delà" viennent de sortir des presses, en tirage au noir pour les 20 premiers exemplaires dont les linogravures seront rehaussées d'aquarelles par Françoise Malaval. Ce premier tirage avec ses illustrations originales constituera le tirage de tête. Les tirages suivants comporteront 8 linogravures imprimées en une couleur.
Françoise et moi réfléchissons en ce moment à une rencontre/animation autour de notre prochain livre "Ombres et Petite-Lumière" à paraître le 19/09 chez Belin Jeunesse.
Elle pourrait se dérouler en deux temps :
D'abord, un petit exposé-démonstration sur le théâtre d'ombres en Inde et ailleurs : explication du principe silhouettes/écran/source de lumière puis démonstration par une manipulation /jeu d'une brève scène du Râmâyana dont il est question dans le texte, avec des silhouettes articulées représentées dans les illustrations du livre.
Ensuite , un atelier de réalisation d'une petite silhouette articulée représentant un ou des personnages du Râmâyana. Quelques modèles parmi mes dessins seraient mis à la disposition des participants.
Je réalise en ce moment les personnages pour la démonstration/jeu d'après les dessins de mes illustrations .Avant de fabriquer les silhouettes ajourées définitives, il me faut mettre au point leurs articulations. Ici, l'exemple d'Hanuman, le singe guerrier.
Bibliothécaires, professeur, responsables culturels, si vous êtes intéressés, contactez-nous !
Mille merci à Libr'ANIMO pour cette superbe critique
Écrit par patrice Favaro
Aux éditions Thierry Magnier, 2010
Prix : 10,50 euros
A partir de 10 ans
Comment Sid s'est-il retrouvé sur les rives de la Kivari avec pour seule compagnie son éléphant Gajendra ? Avant que badauds et curieux ne s'attroupent autour de celui qu'ils considèrent désormais comme un saint, la vie avait commencé durement pour cet enfant muet, vendu par son père couvert de dettes, à un individu sans scrupules. Plongé au cœur d'une terrible réalité mêlant misères des hommes et des bêtes par son apprentissage de mahout chez Ashraf, le sinistre loueur d'éléphants, il s'enfuit après un accident survenu lors du tournage d'un film, où un animal, rendu fou par l'agitation et les mauvais traitements, cause un grave accident. L'intervention du jeune Lakshmana, compagnon d'infortune, l'avait tiré des griffes de Vigai, le dangereux complice d'Ashraf. C'est encore avec son aide qu'il réussit à reprendre contact avec le professeur Paresh, responsable de la fondation Elephant Wildlife Rescue, dont il n'a pas oublié l'intervention contre les méfaits de son ancien employeur.
Cette rencontre marque un tournant dans sa vie : accueilli dans l' équipe du professeur, il apprend à mieux connaître les éléphants auprès d'Ashoka, un mahout sage et expérimenté. Il noue alors des liens de confiance avec Gajendra, rescapé d'un sauvetage après une confrontation entre paysans et éléphants se disputant les mêmes territoires de survie. Et enfin, soutenu par son amitié avec Pryia, la fille du professeur, il parvient à se remettre du traumatisme qui, enfant, l'avait privé de l'usage de la parole. Il est alors prêt à poursuivre l’œuvre de son père auprès des animaux et des hommes qui veillent sur eux.
Construit selon le motif des eaux de la Kivari qui se rejoignent après avoir longtemps été séparées en deux bras distincts, le récit de la vie de Sid débute au moment où il a rendez-vous avec son avenir. Porté par cette dynamique narrative, le lecteur ne pourra échapper à l'envie de connaître les événements qui se sont succédés jusqu'à cet instant. L'alternance entre passé et présent est d'ailleurs marquée dans le texte par des changements de typographie, qui en soulignent les effets. Ce n'est pas par choix que Sid est devenu mahout : des milliers d'enfants ont connu un sort similaire dans l'Histoire indienne. Mais il y a un espoir pour lui d'échapper à la fatalité de la misère et d'accéder, comme les éléphants prisonniers des hommes, à une vie moins contrainte.
Derrière l'image festive et colorée des parades qui séduisent le touriste, Sid parcourt l'envers du décor : les hommes s'acharnant sur leurs bêtes sous l'emprise de l'alcool, l'appât du gain primant sur le respect de la vie, les accidents dont sont victimes les mahouts ou les paysans empiétant sur les terres ancestrales des éléphants, les pièges qu'ils leurs tendent, les « kralls », cages étroites où ils les enferment après leur capture... Mais certains hommes, représentés par les figures du professeur Paresh, de sa fille, ou du sage Ashoka, contribuent, autant qu'il est en leur pouvoir, à apaiser le cours du destin en éveillant les consciences. Lorsqu'Ashoka parle de son éléphant, c'est pour dire : « Les éléphants ont une mémoire sans faille. C'est dans un kraal comme celui-ci qu'il a passé des semaines avant d'accepter enfin sa captivité. Un très mauvais souvenir pour lui. J'ai consacré tout ma vie à mon métier de mahout, mais je peux te dire une chose à présent, Sid : la seule façon de les aimer, c'est de les laisser vivre en liberté. »
Une lecture marquante, à poursuivre par la visite du blog de l'auteur :
Eh bien, oui, la voilà enfin la maquette de la couverture ! Ombres et Petite-Lumière, avec la couv' et les illustrations de Françoise Malaval, à paraître à la mi-septembre.
Je n’ai jamais eu beaucoup de sympathie pour Flaubert, pour le réactionnaire qui écrivit que le suffrage universel est « une honte de l’esprit humain ». En dehors de Bouvard et Pécuchet, jamais eu non plus de plaisir à le lire, Salammbô est pour moi le comble de l’amphigourisme. Alors, pourquoi en parler ici ? Outre le fait que je viens de me mettre à dos une foule d’idolâtres stendhaliens, je sais bien que tout le monde se fiche de savoir ce qu’un modeste auteur comme moi peut penser d’un tel « géant ». Alors quoi ? C’est qu’avec Flaubert se pose l’inévitable question du style en matière de littérature.
L’écrivain est libre, selon les exigences de son style, d’accepter ou de rejeter les prescriptions grammaticales qui régissent la langue française et les seules lois auxquelles il faut se soumettre sont les lois de l’harmonie. »
On ne peut que souscrire à cette ambition, dans un premier temps, car à y regarder de plus près, on peut deviner, me semble-t-il que déjà le vers est dans le fruit. Le vers, avec ou sans jeu de mots, c’est au choix. Oui, cette corruption de la littérature, à mon sens, qu’est le style pour le style. La recherche de l’harmonie, outre le fait qu’elle soit toute subjective, peut aussi se substituer au sens, voire même en tenir lieu. C’est ce que je perçois dans beaucoup de livres contemporains où ce qui devient admirable n’est plus l’art de l’écrivain à nous faire partager sa propre vision et ses interrogations portées sur le monde mais sa capacité à éblouir la galerie par quelque prouesse stylistique et plus encore par son aptitude à user de concepts inédits en ce domaine. Le résultat ? Une littérature de petits malins. Une littérature qui relève avant tout des procédés propres à la pub et à la com' : surprendre, voire choquer, érotiser à outrance, abuser de la pensée-slogan, simplifier le fond à l'extrême pour mieux mettre la forme en avant. Une coquille vide.
Des noms? S'il ne vous en vient aucun, c'est que vous avez banni de votre paysage les plateaux télés dits littéraires!
J'oppose à cette "tendance", une ambition que j'ai toujours faite mienne (et dont je paie le prix fort question tirage de mes bouquins!), celle que l'éditorialiste anarchiste Zo d'Axa définissait ainsi:
"le livre au lieu d'être un instrument de corruption et de ramollissement cérébral (devrait être) une oeuvre d'affranchissement intellectuel"
Concrètement, comment cela se manifeste-t-il? Par ce que j'appelle le style invisible, eh oui, je le revendique, il s'agit bien d'un style, j'en veux pour preuve les heures passées à peaufiner la moindre phrase, à choisir le moindre mot. Mais une écriture qui ne cherche pas à faire la roue comme chez ces écrivains-paons si nombreux, une écriture qui ne s'évertue pas à démontrer au monde combien elle est originale et insolente (concept à la mode). Non, je veux un style souterrain, et une écriture dont tous les "sens" sont tournés vers le dehors, une écriture qui reconnaît son cousinage dans la "littérature monde" telle que l'ont définie et promue Michel Le Bris, Bouvier, Pestelli, Chatwin, Londres, Segalen ou encore un des plus grands stylistes de ce siècle qui, lui, n'a jamais perdu de vue le fond et le sens: Le Clézio.
S'il me fallait donner une définition à ce que j'ambitionne en matière de style, il me faudrait emprunter à la bande dessinée, pour le faire. La ligne claire, chère à l'école belge, voilà ce qui me semble le plus proche de ce à quoi j'aspire. Et j'avoue que je savoure avec un plaisir malin les avis des pseudo-critiques (ils sont légion en littérature pour la jeunesse) qui reprochent parfois à mes livres d'être écrits de façon assez "simple".
En ce moment donc, je "fais du style" une fois de plus en corrigeant et recorrigeant le manuscrit de mon prochain roman, Du sable entre tes doigts, à paraître en octobre prochain aux éditions Le Musacadier dans la nouvelle collection jeunesse dirigée par Éric Denniel: Place du marché .
Et ça se passe comme ça.
Version 1
Cleveland, un matin de septembre 2011.
J’aurais dû te le dire, te faire confiance. Manque de courage. Peur. Oui, peur qu’on se détourne de moi, peur d’être mis au rancart. C’était débile, bien sûr. Maintenant c’est moi qui te tourne le dos : je pars. T’apercevoir une dernière fois. Ta silhouette rapetisse à travers la lunette arrière du van. Tu me fais un signe de la main : levée, grande ouverte. L’autre est cachée, je sais ton poing serré à se faire mal. Pour masquer l’émotion. Pour ne pas qu’elle déborde, qu’elle te trahisse. Est-ce qu’on se reverra un jour ? Pas une chance sur un million que ça nous arrive, pas vrai ? J’abaisse la vitre, je me penche dehors pour regarder en arrière, le vent me fouette la nuque, je te crie de toutes mes forces : Adióscompañero !
Version 2
Cleveland, un matin de septembre 2011
J’aurais dû te dire, avoir confiance. Manque de courage. Peur. Oui, peur d’être mis au rancart. J’ai été débile, bien sûr. Maintenant, c’est moi qui te tourne le dos : je pars. Ta silhouette rapetisse à travers la lunette arrière du van. J’abaisse la vitre, je me penche dehors pour regarder en arrière. Tu me fais un signe de la main : levée, grande ouverte. L’autre est cachée, je sais ton poing serré à faire mal. Garder l’émotion en-dedans. Faut pas qu’elle déborde, qu’elle nous trahisse. Est-ce qu’on se reverra un jour, Diego ? Une chance sur un million que ça nous arrive, pas vrai ? Je crie de toutes mes forces dans l’air qui me fouette le visage : Adióscompañero !
Et je me détourne pour regarder droit devant.
Et pour conclure cet épisode, question de style, le grand Léo n'en manquait pas.
Le travail de création d’une couverture n’est pas toujours aussi long et sujet à interventions multiples de l’éditeur que celui que j’ai présenté dans l’épisode 3 de ce feuilleton estival. Cela peut se passer tout autrement, en particulier quand il s’agit d’un album et que celui-ci ne s’inscrit pas dans une collection déjà existante et très formatée mais se conçoit éditorialement comme un ouvrage unique et particulier. Un prototype, en quelque sorte. Ce sera bien le cas, et plutôt deux fois qu’une, avec LA FAIM DE L’OGRE, le prochain album que Françoise et moi avons signé aux éditions Vents d’Ailleurs et qui sera en librairie le 17 octobre.
Ce mardi donc, nous avions rendez-vous en Arles avec Jutta Hepke et Gilles Colleu pour leur remettre la peinture sur bois réalisée par Françoise pour la couverture et découvrir le projet (la maquette en blanc) retenu pour l’objet car il revêtira une forme peu habituelle (mais j’en dirai un peu plus dans les semaines qui viennent).
Professionnalisme, confiance, sens de l’écoute, acuité du jugement et respect réciproque, et puis temps qu’on donne au temps... quand tout cela est réuni, point besoin de tergiversations, de négociations, voire de concessions pour élaborer une couverture : l’illustrateur (trice) peut se sentir pousser des ailes, oser, et aller droit au but sans presque une hésitation.
Le seul « repentir » au projet initial a été un essai de couleur moins sanguine pour l’ogre (voir ci-dessous) mais très vite abandonnée pour revenir à la première version.
Dès la rentrée, je vous présenterai sur ce même blog et celui de Françoise (ici) tout le processus de création depuis nos deux voyages d’études sur les peintures murales en Thaïlande jusqu’aux différentes phases de notre travail d’écriture et d’illustration.
J'en profite pour vous présenter ci-dessous les excellentes éditions Vents d'Ailleurs chez qui Françoise a déjà publié un album, Le camion frontière, écrit par l'ami Jean-Yves Loude.
Créées à Fort-de-France en 1994, les éditions Vents d’ailleurs sont actuellement installées à Arles.
(vers le site en cliquant ci-dessus)
Gilles Colleu et Jutta Hepke qui ont fondé la maison et la dirigent sont « convaincus que la connaissance des cultures d’ailleurs, la connaissance des cultures des autres, aide à construire une société plus solidaire et enrichit tout être humain dans sa recherche d’humanité. Il est par conséquent important de construire des passerelles et de mettre à la disposition des uns et des autres les outils pour devenir ou être un citoyen du monde actuel. L’écrit, la littérature, les arts, le livre y contribuent. »
Ils définissent ainsi leur politique éditoriale « des ouvrages qui racontent des histoires de l’“intérieur”, des textes, des récits qui ne posent pas de regard sur une autre culture ou sur un ailleurs fantasmé, mais, tout au contraire, nous proviennent de l’ailleurs. Ces histoires nous font rêver, nous interrogent, nous interpellent. L’angle d’approche est inversé, le déplacement du regard change tout. Nos représentations, ici en France, dans un pays riche du Nord, sont mises en question, nos repères se déplacent. Les imaginaires, les écrits, les idées, les images, les expressions culturelles se croisent, s’interpénètrent, s’entrechoquent. »
Vents d’ailleurs est membre de l’Alliance des éditeurs indépendants, de l’association Éditeurs sans frontières et de l’association Jedi Paca. Vents d’ailleurs est distribué en Haïti par Communication Plus et au Canada par Dimédia.