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Mahout, nouvelle critique

Mille merci à Libr'ANIMO pour cette superbe critique 

 

 

couv mahoutÉcrit par patrice Favaro

 

Aux éditions Thierry Magnier, 2010

 

Prix : 10,50 euros

 

A partir de 10 ans

 

 

 

Comment Sid s'est-il retrouvé sur les rives de la Kivari avec pour seule compagnie son éléphant Gajendra ? Avant que badauds et curieux ne s'attroupent autour de celui qu'ils considèrent désormais comme un saint, la vie avait commencé durement pour cet enfant muet, vendu par son père couvert de dettes, à un individu sans scrupules. Plongé au cœur d'une terrible réalité mêlant misères des hommes et des bêtes par son apprentissage de mahout chez Ashraf, le sinistre loueur d'éléphants, il s'enfuit après un accident survenu lors du tournage d'un film, où un animal, rendu fou par l'agitation et les mauvais traitements, cause un grave accident. L'intervention du jeune Lakshmana, compagnon d'infortune, l'avait tiré des griffes de Vigai, le dangereux complice d'Ashraf. C'est encore avec son aide qu'il réussit à reprendre contact avec le professeur Paresh, responsable de la fondation Elephant Wildlife Rescue, dont il n'a pas oublié l'intervention contre les méfaits de son ancien employeur.

 

Cette rencontre marque un tournant dans sa vie : accueilli dans l' équipe du professeur, il apprend à mieux connaître les éléphants auprès d'Ashoka, un mahout sage et expérimenté. Il noue alors des liens de confiance avec Gajendra, rescapé d'un sauvetage après une confrontation entre paysans et éléphants se disputant les mêmes territoires de survie. Et enfin, soutenu par son amitié avec Pryia, la fille du professeur, il parvient à se remettre du traumatisme qui, enfant, l'avait privé de l'usage de la parole. Il est alors prêt à poursuivre l’œuvre de son père auprès des animaux et des hommes qui veillent sur eux.

 

 

 

Construit selon le motif des eaux de la Kivari qui se rejoignent après avoir longtemps été séparées en deux bras distincts, le récit de la vie de Sid débute au moment où il a rendez-vous avec son avenir. Porté par cette dynamique narrative, le lecteur ne pourra échapper à l'envie de connaître les événements qui se sont succédés jusqu'à cet instant. L'alternance entre passé et présent est d'ailleurs marquée dans le texte par des changements de typographie, qui en soulignent les effets. Ce n'est pas par choix que Sid est devenu mahout : des milliers d'enfants ont connu un sort similaire dans l'Histoire indienne. Mais il y a un espoir pour lui d'échapper à la fatalité de la misère et d'accéder, comme les éléphants prisonniers des hommes, à une vie moins contrainte.

 

Derrière l'image festive et colorée des parades qui séduisent le touriste, Sid parcourt l'envers du décor : les hommes s'acharnant sur leurs bêtes sous l'emprise de l'alcool, l'appât du gain primant sur le respect de la vie, les accidents dont sont victimes les mahouts ou les paysans empiétant sur les terres ancestrales des éléphants, les pièges qu'ils leurs tendent, les « kralls », cages étroites où ils les enferment après leur capture... Mais certains hommes, représentés par les figures du professeur Paresh, de sa fille, ou du sage Ashoka, contribuent, autant qu'il est en leur pouvoir, à apaiser le cours du destin en éveillant les consciences. Lorsqu'Ashoka parle de son éléphant, c'est pour dire : « Les éléphants ont une mémoire sans faille. C'est dans un kraal comme celui-ci qu'il a passé des semaines avant d'accepter enfin sa captivité. Un très mauvais souvenir pour lui. J'ai consacré tout ma vie à mon métier de mahout, mais je peux te dire une chose à présent, Sid : la seule façon de les aimer, c'est de les laisser vivre en liberté. »

 

Une lecture marquante, à poursuivre par la visite du blog de l'auteur :

 

http://mots-nomades.hautetfort.com/

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