Ce disque tourne en boucle en ce moment chez moi... et à plein volume. La force du chant qawwali, la souplesse mélodieuse de la langue ourdoue, la voix magnifique de Faiz Ali Faiz (qui rappelle parfois celle d’Abida Parveen), l’oud et le bouzouk' enchantés de Titi Robin, les chœurs, la clarinette et l’accordéon qui se répondent, et ce rythme, cette pulsation vitale qui pousse à sortir de soi... Mélange magique, oui, en effet. Grand moment, Jaadu, oui magique !
En écoutant Jaadu, je lis (fort à propos, hé oui !) également une anthologie de la poésie ourdoue, et de son expression soufie en particulier.
(extraits choisis)
Voyons les merveilleux effets de la passion :
ni le fou ni la fée ne sont plus
Il n’y a plus de moi ni de toi,
reste l’oubli de soi, rien de plus
SIRAJ AURANGABADI (1716-1766)
Pour les plaisirs du vin,
qu’on les demande aux buveurs
Mais celui qui s’abstient d’y goûter, qu’en sait-il ?
NAVAB MIRZA KHAN DAGH (1831-1905)
On nous donne la vie, nous la vivons
le trépas nous emporte, nous partons
Ni ne sommes venus de notre plein gré,
ni de bon gré nous partons
SAYYID MIR INSHA (1752-1818)
Et dire que, chez nous, tant de microcéphales pensent que l’expression musulmane se résume en tout et pour tout aux éructations d’arriérés fanatiques et d’analphabètes intégristes !