Pour ceux qui n'auraient pas suivi le feuilleton faisant de la BNF l'outil institutionnel du pillage des oeuvres prétenduement indisponibles parues avant 2001, ci-dessous des liens vers des articles, des prises de positions et réactions qui éclairent grandement sur le sujet.
Relire, c'est le même projet que Google Books avec un peu d'enfumage pour brouiller les esprits. Voulu par Frédéric Mitterand via Bruno Racine, directeur de la BNF (nommé par Sarkozy et reconduit par la gauche!), ce dispositif permet de numériser des ouvrages et de les vendre sans l'accord de l'auteur, sans même lui demander son avis. Pour faire passer la pilule on met en avant un faux bénéfice pour les lecteurs (la disponibilité des oeuvres), la perspective de rémunérations pour les auteurs ( des cachouètes? personne n'en sait encore rien, opacité totale sur les questions de fric)... Seuls les gros éditeurs vont tirer les marrons du feu puisqu'ils toucheront la moitié des ventes sur des titres qu'ils ont cessé de commercialiser parfois depuis des lustres et sur lesquels ils n'ont donc par conséquence plus aucun droit! En fait il semble surtout que ce soient les grosses maisons d'édition (Gallimard en tête) qui ont appuyé le dit dispostif dans le crainte de voir Google les doubler. Donc à pirate... pirate et demi, sous la houlette du Ministère de la Culture... ce doit être ça l'exception culturelle française.
Victimes collatérales:
Les auteurs, qui voient leur droit inaléniable à disposer de leur création battu en brèche, on se doute que la fissure va très vite s'élargir grâce à l'entourloupe numérique.
Les libraires, qui vont voir arriver sur le marché des livres numériques près de 60 000 titres (on ne sait pas par qui ils seront vendus via la BNF ni à quel prix). Le projet vise la numérisation de 500 000 titres... dites au revoir à votre libraire de quartier... quant à votre bouquiniste préféré... qu'il repose en paix!
Les petits éditeurs, comme les libraires, qui vont être submergés par une offre pléthorique de titres qui rendra d'autant moins visibles les leurs.
Les lecteurs, qui vont devoir payer ce qui par ailleurs aurait pu leur être proposé souvent de façon gratuite ou peu chère par les auteurs eux-mêmes, désireux qu'ils sont de voir leurs titres épuisés dans le commerce toujours accessibles à la lecture.
Pour avoir une idée de l'ensemble du problème, sur ActuaLitté
ReLIRE : ce processus ne peut maintenant conduire qu'à une catastrophe
Article dans Le Monde
Main basse sur les livres du XXe siècle
Les réactions ulcérées de François Bon:
indisponibles : les éditeurs entrent dans la danse
Un dispositif qui touche aussi les auteurs étrangers traduits et leurs traducteurs:
ReLIRE : piller les auteurs et éditeurs de France ne suffisait pas
Un dispositif analogue aux Etats-Unis
Le droit d'auteur malmené, la démocratie menacée... ou presque
Même les lecteurs pétitionnent contre ReLire!
ReLIRE : l'opt-out des lecteurs
Le plus affligeant est sans doute de voir la faible mobilisation des auteurs pour défendre leurs droits. Il est vrai que certains organismes professionnels comme la SGDL (Société des Gens de Lettres) se sont empressés d'applaudir des deux mains (par naïveté ou peut-être sous couvert d'intérêts particuliers, comme de voir tomber dans leur giron la gestion du dispositif de redistribution des auteurs). Faible mobilisation donc mais pas inexistante, loin s'en faut d'ailleurs. On peut retrouver le collectif d'auteurs qui se sont mobilisés, sous la houlette de Yal Ayerdhal, pour lutter contre ce dispositif et cela même dès le vote de la loi, sur leur page Facebook Le droit du serf (c'est ici).