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Un autre 22 février

Je parlais de Stefan Zweig aujourd'hui même avec Françoise et je lui rappelai que l'écrivain et sa femme, Charlotte Lotte Elizabeth Altmann, s'étaient tous deux suicidés. Je savais que Zweig était désespéré par les ténébres qu'il voyait se répandre sur l'Europe mais je ne me rappelais plus exactement des détails. De retour chez nous, j'éprouvai donc la nécessite de rafraîchir ma mémoire et je consultai sa biographie.

Etrange coïncidence, c'était un 22 février aussi, comme aujourd'hui... et la gorge serrée, j'ai lu ce qui suit.

Le 22 février 1942, après avoir fait ses adieux et laissé ses affaires en ordre, Stefan Zweig met fin à ses jours, en compagnie de Lotte qui refusa de survivre à son compagnon.

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Le message qu'il a laissé:

"Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité, j'éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m'a procuré, ainsi qu'à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j'ai appris à l'aimer davantage et nulle part ailleurs je n'aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même.

Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d'errance. Aussi, je pense qu'il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde.

Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux."

Stefan Zweig, Pétropolis, 22-2-42


La presse brésilienne de l'époque diffusa une photo les montrant enlacés dans la mort, j'ai préféré joindre celle-ci, leur toute dernière semble-t-il.

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