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Carnets de doute... 11

Je reprends un note de voyage écrite l'année suivant le tsunami en Inde, il me semble qu'au regard de la pornographie émotionelle que déversent chaque jours les médias à propos d'Haïti ce texte est toujours d'actualité.

 

Il y a quelques jours, j’écoutais les infos de midi à la radio, je suis tombé sur Yves Duteil qui disait revenir tout juste d’Inde… de Pondichéry, précisément où son beau-frère fabrique des bateaux. Je connais celui-ci, il fait aussi des meubles et nous en avons achetés chez lui pour Samadama, notre maison indienne. Y. Duteil a déclaré qu’avec son beau-frère, ils avaient créé une association pour venir en aide aux victimes du Tsunami. Il a admis qu’énormément d’argent avait été récolté et qu’avec ces sommes considérables ils avaient pu construire un grand nombre de bateaux pour les pêcheurs sinistrés. Des bateaux si nombreux que les pêcheurs avaient retiré leurs enfants de l’école afin de les mettre au plus vite au travail sur ceux-ci ! Des bateaux si nombreux que les prises de poissons sont devenus de moins en moins bonnes à cause de la surpêche ainsi provoquée. Aussi, continuait Y. Duteil, il faut maintenant construire des écoles et convaincre les pêcheurs d’y envoyer leurs enfants afin que ceux-ci ne deviennent pas à leur tour....pêcheurs !

Bon, c’est bien et très honnête de la part d’Y. Duteil de nous livrer son mea-culpa (ils sont rarissimes ceux qui le font sur le sujet) mais il aurait peut-être fallu commencer par les écoles, non ? avant cette débauche de constructions navales. Il aurait suffi d’écouter les pêcheurs au lendemain du tsunami pour savoir qu’ils n’avaient qu’une ambition : ne plus retourner en mer, et que leurs enfants n’y aillent jamais. Mais, non, nous autres Bons Blancs, nous sommes des types extraordinaires, nous savons ce qu’il leur faut à ces « peuplades lointaines » et nous avons le cœur sur la main : « tu veux des bateaux en voilà, jusqu’à plus soif… Mais, attention, faut pas oublier d’inscrire en énormes lettres sur le bordage le nom des gentils donateurs que nous sommes ! »
Il n’y a pas que le mal de mer qui me do
nne parfois la nausée.

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