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Le principe de la relativité

Nouvelle gravure de Françoise pour notre projet Voyage au-delà du par-delà, une revisitation du Voyage de Mandeville. Et en exclusivité super mondiale et intergalactique... pour quelques jours seulement sur ce blog, le texte qui va avec. Bon voyage!

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Des cannibales. Quelle frontière invisible, quelle ligne de partage des eaux ai-je franchi lorsque je parvins en ces funestes territoires où les habitants mangent plus volontiers chair d’homme que nulle autre et où ils jurent que c’est la plus douce du monde ? Dans l’île qui a nom Dondia, s’il est dit qu’un malade doit mourir, alors quelque proche parent lui met un gros morceau de pain sur la bouche et l’y tient jusqu’à étouffer le souffrant. On découpe ensuite le corps du défunt en pièces et ses amis sont priés de venir le manger. S’ils trouvent que sa chair est encore grasse, il en est fait grande fête car tous prétendent qu’il est bon de l’avoir si tôt fait passer de vie à trépas sans qu’il ait eu à dépérir et à trop souffrir. Mais si sa chair est maigre, tous se lamentent car ils trouvent fort mauvais de l’avoir laissé languir longtemps sans raison et il leur en faudra faire pénitence. Dans le royaume qui s’appelle Byboth, il est une coutume respectée dans tout le pays : quand un père meurt, son fils lui montre de grands honneurs. Il se doit tout d’abord de faire venir amis, parents, prêtres et ménestriers, le tout en très grand nombre. Puis il ordonne qu’on conduise joyeusement le corps de son père sur une montagne. Quand on l’a porté là, un des prêtres tranche la tête du défunt et la donne au fils, tandis que les autres officiants découpent le corps en pièces et le donnent aux aigles et vautours qui, connaissant cette coutume, sont venus exprès de toutes parts. Ensuite, le fils revient avec ses parents et ses amis dans sa maison où la tête de son père est mise à cuire. Chacun en obtient un bout à manger et le fils se sert du crâne de son père en guise de hanap et il boit en mémoire de celui à qui cette tête appartenait. En ces pays, aimer un proche décédé est un mot qu’il faut entendre d’une manière singulière, on y aime ses défunts parents à pleines dents. Combien sans doute ces gens-là goûteraient-ils peu la façon d'aimer et d'honorer que nous montrons à l’endroit des nôtres en les laissant pourrir en terre.

 

tous droits réservés P.Favaro et F.Malaval.

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