La Prose du Transsibérien, par Sonia Delaunay en 1913.© (dr)
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extrait: En 1913, à la veille de la Grande Guerre, paraissent deux œuvres poétiques majeures de la modernité : Alcools d’Apollinaire et La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France de Cendrars. Placées sous le signe de l’ouverture au monde entier, on leur reconnaît pourtant peu d’héritiers directs en langue française.
Pourquoi donc ce manque d'héritiers aspirant au grand large poétique? A cause d'une littérature française trop sous l'emprise de son nombrilisme parisien? C'est une piste... Lors d'une conversation à la Villa Marguerite Yourcenar, Michel Le Bris me contait les difficultés qui furent les siennes pour imposer que la littérature monde ait une place en France. Pour moi, c'est un avis personnel, les auteurs contemporains français qui comptent sont ceux qui appartiennent justement à la marge, ou, comme on le disait en des temps anciens: ceux qui ont choisi de vivre aujourd'hui dans les "marches lointaines" de l'empire littéraire, c'est à dire en dehors des V et VIème arrondissements où s'exerce le pouvoir, où tout ce joue, tout se dit, tout se fait (croit-on!). Ce sont les JMG Le Clézio, Hubert Mingarelli, John Berger(cet géant de la littérature est né à Londres, mais voilà trente ans qu'il vit en France... dans l'indiffférence assez générale du grand public d'ailleurs)... Il y aussi les écrivains voyageurs comme Le Bris, Lapouge, le carnetiste Simon et bien d'autres. Ce sont écrivains du "grand dehors"... que j'oppose à ceux d'un "petit dedans", celui qui finit si vite par sentir le renfermé.