Il n’existe à mon sens que trois types de lecteurs dans le domaine du roman. Une classification qui s’entend en fonction de ce que le lecteur attend de l’auteur.
Chez le premier : « Parlez-moi de choses qui me divertissent (que j’oublie un peu mon moi tout autant que le monde qui m’entoure) ». Littérature d’entertainment. Les best-sellers… c’est par ici. On en sort aussi vide qu’on y est entré et pour cause… ces livres-là sont précisément écrits (ou plutôt faits pour la plupart) pour que le lecteur fasse le vide.
Le second : « Parlez-moi intimement de vous, soyez donc le miroir de mon moi ; mon moi, il n’y a que cela qui m’intéresse ». Très en usage dans les cinquième et sixième arrondissements de Paris. Les livres "dont qu'on cause" dans la principauté des lettres, c’est par ici. Littérature, ça va de soi, personne ne le conteste, pas moi en tout cas, on y trouve des chefs-d'oeuvre. Mais c'est ce que j’ai appelé ailleurs la littérature du petit-dedans, et on aura beau dire: ça sent toujours un peu le renfermé.
Le troisième : « Parlez-moi des autres et du monde qui m’entoure ». La littérature-monde chère à Michel Le Bris. Celle que j’ai appelée ailleurs littérature du grand-dehors*. Celle que le grand nombre tient toujours, encore et hélas, dans la marge. Moi, dans la marge, c'est là que je respire le mieux! Avec les Segalen, Conrad, Orwell, London, Londres, Kerouac, Pestelli, Bouvier, Chatwin, Amitav Gosh, Le Clezio,Ondaatje... pour nous tracer leur piste. Et cent autres encore aujourd'hui, grands aprenteurs respirant à pleins poumons les "merveilles du monde" dont je reparlerai bientôt sur ce blog.
À présent, considérez le livre que vous avez sur votre table de chevet, oui celui que vous appréciez tant, et découvrez à quelle catégorie de lecteur vous appartenez. Ou pas.
Car ce n’est là qu’une vue tout à fait personnelle... ultra subjective. Oui, même pas honte. Pour une fois, c'est l'auteur qui range les lecteurs sur ses étagères!
* La littérature de voyage pour la jeunesse. Les enfants de Xénomane. Éditions Thierry Magnier, 2009