Début de la résidence écriture-illustration à L'Isle-sur-le-Doubs à l'invitation de la Médiathèque départementale du Doubs et de la ville. Françoise Malaval et moi travaillons sur un projet de récit de voyage imaginaire basé sur Le livre des merveilles du monde de John de Mandeville.
En résonance directe avec le cadre thématique choisi par la Médiathèque départementale du Doubs pour 2012-2013, « Voyages immobiles », nous présentons ici un projet qui s’inscrit dans la continuité du travail entrepris depuis plusieurs années autour de la littérature de voyage avec d’une part l'essai sur La littérature de voyage pour la jeunesse ou Les enfants de Xénomane aux éditions Thierry Magnier (2009) et d’autre part l’écriture de L’Inventerre, carnets du voyage immobile de M. Adam Pic (2011, inédit).
LE PROJET LITTÉRAIRE
Les grands récits de voyages imaginaires s’appuient tout autant sur le matériau historique que sur l’invention romanesque. Ils sont avant tout de formidables machines à rêver le monde. Le travail proposé dans le cadre de cette résidence sera la suite logique sur le plan de la création littéraire des recherches menées au sujet de la littérature de voyage. Il relèvera dans sa forme d’un principe de mise en scène tout autant que de mise en abyme du large corpus étudié à cette occasion. Le choix s’est arrêté tout spécialement sur l’une des œuvres les plus importantes et emblématiques du voyage imaginaire : Le livre des Merveilles du Monde de Sir John de Mandeville. Elle est représentative des différentes variantes constituant les récits de voyages imaginaires : faux voyages présentés comme réels, voyages en Utopie et affabulations d’authentiques grands voyageurs mais elle s’inspire et emprunte aussi aux récits des pèlerinages les plus anciens, aux encyclopédies et même aux ouvrages de fiction ou à caractère religieux.
Le principal parti-pris du travail d’écriture consistera à faire de l’auteur historique de ce récit l’un des personnages principaux et l’un des deux narrateurs de ce projet de fiction romanesque destiné la jeunesse.
UN TEXTE POUR LA JEUNESSE
La plupart des récits de voyage, qu’il s’agisse de voyages authentiques ou imaginaires, n’ont pas été écrits pour la jeunesse, leur adaptation à ce public spécifique a cependant été une constante tout au long de l’histoire, comme le démontre le récit de Robinson alimentant encore aujourd’hui le genre de la « robinsonnade ». Il s’agit donc dans ce projet, à partir d’un texte historique choisi, de proposer non pas une traduction destinée à un public spécifique, mais bien de procéder à un véritable travail de création et de mise en scène de ce même « matériau » historique.
Sans pour autant perdre de vue l’objectif premier qui est de permettre au jeune lecteur une immersion complète dans les aventures qu’offrent les terres imaginaires, il conviendra cependant d’en resituer le contexte historique et les éléments relatifs à une géographie réelle ou rêvée en usage à l’époque du récit choisi. Cette « contextualisation » sera intégrée au corps même du récit. Elle permettra en outre d’ouvrir d’autres pistes de lectures relatives à l’époque, aux lieux, et au genre littéraire spécifique auquel appartient le récit.
Le livre de John de Mandeville se présente comme un récit de voyage révélant les phénomènes les plus extraordinaires rencontrés sur la route de Jérusalem, du Proche et de l’Extrême Orient. L’auteur se présente lui-même comme le chevalier de Mandeville, né en Angleterre dans la ville de Saint-Alban. Qui se cache derrière cette identité ? Un pèlerin revenu de Terre sainte, un affabulateur du nom de Jean de Bourgogne, ou un criminel s’étant soustrait à la justice de son pays en endossant le pseudonyme de Mandeville ? Quelle que fût sa véritable identité, un point semble désormais incontestable aux yeux des chercheurs : l’auteur du Livre des merveilles du monde a bel et bien existé.
Parallèlement, nous partageons cette expérience avec des enseignants et leurs classes travaillant sur le thème du voyage imaginaire. Ce matin, à la bibliothèque de L'Isle, qu'anime chaleureusement Evelyne, c'était une première initiation à la reliure japonaise pour la confection de futurs carnets de voyages imaginaires... authentiquement artisanaux! Le tout sous la houlette de Françoise.
Dans L'Est-Républicain