Mon amour, ma compagne, ma complice, mon âme sœur, Françoise Malaval-Favaro s'en est allée ce vendredi 21 octobre 2016. Son beau regard n'éclairera plus le monde qui m'entoure.
Ci-dessous, le beau texte d'hommage que lui a écrit Françoise Place.
pour Françoise,
Au pays des éléphants, une femme se promène. Elle est toute fine, toute frêle, et ses longs cheveux lui font une belle traîne. Elle se courbe vers un bassin où flottent des fleurs de lotus. Par endroits, l'eau sombre, presque noire, reflète la montagne de Lure, une montagne dont le sommet enneigé répond à l'éclat soyeux des fleurs blanches. Elle marche tout doucement, cette femme. Elle parle très doucement, aussi, et la gaieté de ses yeux tient à distance certaines ombres qui l'entourent. Elle a besoin, pour respirer, de ce petit tuyau qui vient à ses narines, relié à une bouteille d'oxygène. Alors elle goûte chaque moment, chaque seconde, non pas avec gourmandise, mais avec une gravité légère, sans vouloir les retenir, simplement avec gratitude. Voilà bien longtemps qu'elle a appris la patience. Elle a dans la tête des contes, des marionnettes, des images d'enfance, et ses mains savent donner aux jours les plus gris les vives couleurs de l'Inde. Patrice vit près d'elle, Patrice prend soin d'elle, tout comme elle prend soin de lui.
Je n'ai pas souvent eu l'occasion de rencontrer Françoise. Elle est de ces personnes dont le peu qu'on en connaît suffit à garder grand et beau souvenir. Tout ne passe pas par les mots ou la parole. Il y a des façons d'être qui sont comme une grâce, et d'une promenade en forêt, je me souviens très bien comment elle s'est assise au pied d'un arbre, pour se reposer. Je ne l'imagine pas ailleurs que dans ce temps suspendu, où la lumière, filtrée par les feuillages, dansait encore à ses yeux.