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Qu'ils (ne) crèvent (pas) les auteurs!

L'ami Philippe Godard m'écrit, avec son enthousiasme habituel et son énergie inépuisable, il nous ouvre quelques portes. Alors que chez certains auteurs le découragement (désespoir même) fait son oeuvre, alors que chez d'autres la trouille de voir son nom inscrit sur une liste noire par les grands groupes éditoriaux commence déjà à les faire battre en retraite, Philippe nous invite à voir les choses autrement: la  lutte continue!

Bravo Patrice pour cet éclairage ! Le problème est d'importance : cela révèle un mépris absolu pour ceux qui travaillent à la culture depuis "le bas" (en gros, tous ceux qui ne traînent pas dans les salons mondains de Saint-Germain-des-Prés, pour le dire très vite). Qui plus est, ces "gens du bas" sont ceux qui tentent le plus souvent de s'affranchir des normes de cette société et visent en toute conscience l'émancipation du lecteur... Dangereux marginaux, gauchistes, révolutionnaires, radicaux, à exterminer de toute urgence !
Le droit d'auteur est, pour les néolibéraux, une espèce de survivance "archaïque", diraient-ils, et à ce titre, ils veulent l'éradiquer. Parmi les solutions que nous pouvons envisager les uns et les autres figurent les tentatives de "contourner" le système et de produire finalement nos propres oeuvres sans nous plier aux filtres du système commercial éditorial actuel. Je me demande donc s'il n'est pas temps, comme pour les agriculteurs qui se regroupent dans les AMAP et fondent des réseaux locaux avec des consommateurs, de créer des sortes d'associations de maintien d'une culture émancipatrice, dont le fonctionnement ne peut bien entendu être calqué sur une AMAP, mais qui chercheraient à coup sûr d'autres voies de fonctionnement. Ne devrions-nous pas nous rendre compte que :
1. Nous devons maintenir les positions que nous tenons - qui sont attaquées de tous côtés.
2. Nous devrions préparer notre avenir, non pas dans l'esprit de nous replier, mais peut-être de reprendre l'assaut contre le système de la culture-marchandise en recréant, à sa marge, une autre culture, radicale, subversive, en "tension" vers une autre société.
De toute façon, il me semble que la culture en tant qu'expression des sentiments et des aspirations vers l'émancipation des êtres humains, est de plus en plus incompatible avec ce système. Entrer dans un Relay H, une librairie de gare Payot ou une FNAC suffit pour nous en convaincre, n'est-ce pas ? Donc, préparons le pas que nous allons DEVOIR franchir pour faire survivre ailleurs cette tension vers l'émancipation.


On parle ici de "grands groupes éditoriaux qui pratiquent la règle du profit maximum " et non des "éditeurs" en général. L'édition recouvre une réalité multiple en France qui va du groupe Hachette-Lagardére (des livres et des armes!) à l'association anarcho-militante. Parmi les éditeurs beaucoup partagent fraternellement le sort peu enviable de ceux qui écrivent les livres qu'ils publient: difficulté à se payer, lutte contre les situations de monopole, prédation du système de distribution/diffusion, impossiblité d'accéder aux grands médias, etc. Oui, ce n'est pas à ces éditeurs-là que nos propos s'adressent. Ceux-là savent combien le strict respect des droits des auteurs conditionne également leur droit à exister et à publier encore.


à lire

une très bonne analyse d'infostratèges ici par Didier Frochot qui est juriste, formateur et consultant indépendant depuis 1984 et ancien responsable pédagogique du 3e cycle de l'INTD (Institut national des techniques de la documentation).

de nombreux articles d'Actualitté (qui Google-ise il est vrai) dont celui-ci sur le secret dans lequel cette proposition de loi a été élaborée.


Quant à tous ceux qui s'imaginent un monde meilleur où auteurs et lecteurs seront en prise directe grâce à Internet, tss, tss! faudra toujours passer par des tuyaux des fournisseurs d'accès... dont on connaît la philantropie et le respect de la littérature!!!. Lire l'article ci-dessous.

Supprimer l'éditeur, dernier jalon, dernier intermédiaire. Amazon, comme Google, souhaitent s'imposer comme les maîtres des tuyaux...

 

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